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Pink Bubbles

POÉCLIC 2026...
des "poèmes offerts"
pour demain

Printemps des poètes

Quatre-vingt poètes, sensibles à l’esprit de notre opération et enthousiasmés par le travail réalisé avec nos élèves, ont, pour la quatrième fois, répondu à notre appel et écrit, spécialement pour eux entre un et dix poèmes respectant l'habituelle contrainte de notre opération : intégrer, dans le texte, au moins l’un des dix mots « pour la planète » : 

alunir, anticipation, continuum, dystopique, humanoïde,

particule, programmer, théorie, transmuter, sidéral​

Tous les poèmes offerts sont des inédits écrits spécialement pour les élèves des lycées français d'Amérique latine rythme sud et d'Europe du Sud-Est.

Un magnifique cadeau et un corpus inédit pour découvrir la richesse de la poésie francophone d’aujourd’hui.

Découvrez ci-dessous l'anthologie

 

 POUR DEMAIN

pour un monde à venir - entre villes et campagnes

80 POÈTES PAR-DELÀ OCÉANS ET CONTINENTS

et très prochainement, sur cette même page, les lectures expressives et commentaires

proposés par nos élèves pour chacun de ces poèmes.

Vous pouvez également télécharger l'anthologie au format PDF : CLIC CLIC... 

TABLE VD 2026_edited.jpg
Pink Bubbles

Cécile A. HOLDBAN

 

Une ancienne théorie

 

l'empereur était nu la sorcière était neige

le désert changeait en eau ses particules

le vent tissait les contes la lune tournait son bol

l’aurore alunissait en robe sidérale

le sol s'ouvrait la nuit aux racines du soleil

l'oiseau et les étoiles soufflaient la même langue

les feuillages transmutés chantaient un poème noir

quand nous étions un arbre


 

Joëlle ABED

le professeur de physique était bègue 

en classe il arrivait très bien à se maîtriser 

sauf pour le mot particule

 

or le professeur de physique bègue

aimait beaucoup les choses minuscules

aussi

se fit-il broder sur chaque vêtement

à l’emplacement du cœur

le mot particule

qu’il soulignait doucement avec l’index 

chaque fois qu’il brûlait de le prononcer 

 

je ne sais si ses élèves excellèrent en physique 

mais ce dont je suis sûre

c’est qu’ils apprirent   

que derrière chaque particule 

un cœur bat 

Marie ALLOY

 

Exodes Exils

Dans un  invisible lieu

la nuit rapporte des scories

plus vieilles que ce monde

 

Nous sommes à la croisée des temps

Quelques points morts 

tournent autour de la terre

̶  des particules célestes nous traversent 

 

À l’heure où l’esprit se programme

nous voudrions pouvoir encore alunir 

et savoir comment préserver

notre continuum vivant

 

Dans l’espace sidéral passent des ombres 

de vies qui ont perdu leur nom

De la perte et de l’attente  nous savons la blessure 

plus lointaine que nous

 

Ce qui nous trahit  est-ce le monde

ou nous-même qui n’avons pas su

nous souvenir de nous ?

 

Ce jour est obscur  Nos montres déboussolées

La vie remonte des limbes d’un étrange exil

Il n’y a pas de clef pour l’anticipation

Il n’y a que la terre qui tourne

                     dans un perpétuel présent


 

Jacques ANCET

 

CONTINUUM

 

On quitte ce qu’on ne quitte pas. 

On voit la pluie, les trottoirs, la fuite

des silhouettes égarées dans le froid,

le jour avec la nuit, on les quitte,

on y est bientôt, redit tout bas

la voix, et va savoir ce qu’on quitte

quand on ne sait pas ce qui est là,

puisque ce qui est là s’enfuit vite,

qu’il ne reste que ce qui s’en va.

 

 

Adeline BALDACCHINO

 

De l’autre côté de l’écran

 

Et qu’il soit plus vivant plus doux plus fort ou 

qu’il soit d’une lenteur exquise esquissée à pas de loup 

sauvage, qu’il soit fait de stupeur et d’espérance ou

d’aubes à l’envers jaunies par le spectre des lumières

renversées sur le glacis d’océans gelés

 

qu’il soit d’une beauté plus épuisante que ne peut l’être

la fatigue et que ta mélancolie le tourne

ou le retourne entre tes doigts qui savent déjà 

la puissance du sel quand il naît des larmes et qu’il soit 

si dur à sauver qu’on ne sache plus comment

 

qu’il soit enfoncé quelque part dans la matière molle et mûre

de tes rêves ou qu’il ait ce goût de bonbon d’halloween

la grimace des masques et l’éclat de rire 

des spectres, qu’il soit fait de l’étoffe de tes songes ou

de cauchemars invisibles et des mots que tu ne trouves pas

 

qu’il soit fait pour toi ou que tu ne te sentes pas fait pour lui

que tu aies peur et que tu aies froid dans le même temps

justement, que celui où tu veux tout embrasser tout

savoir et tout apprendre et tout réinventer, mais à quoi bon

te dis-tu parfois quand tu lèves les yeux

                                                         de ton écran

 

puisque tout est là, tout le savoir toutes les théories

toutes les particules humanoïdes rassemblées

tous les mondes possibles et leurs dystopies 

puisque rien ne paraît pouvoir lui échapper 

sauf ?

qui sait : toi..

 

tu retournes alors l’écran contre la terre qui le souille

et le le foules aux pieds tu sautes à pieds joints sur la machine 

(que tu retrouveras plus tard, ne t’inquiète pas)

mais en attendant : tu t’en vas, riant, criant, courant

de cascade en cavalcade et plein d’amour fou furieux

 

pour lui, le monde

juste là

de l’autre côté

                 de ton écran : 

                 le monde

                 qui t’attend.

 

 

Olivier BARBARANT

LETTRE À DEMAIN

 

Le temps fut venu de poursuivre

plutôt qu’à tenter s’inventer

l’étrange confort de vieillir

enveloppa sans qu’on y pense

de sa laine notre durée

 

Nous aurons vu l’ère nouvelle

dans nos machines s’esquissant

par la magie des programmeurs

les ordinateurs réduisirent 

sur nos bureaux leurs taille et poids

les cabines disparaissaient

à l’angle des rues sur les places

nos voix naissant entre nos paumes

dans des amandes de fer blanc

 

Dans l’Oural livré aux mafieux

Boris Ryji se suicida

près d’un mois après la naissance

de notre aîné au nom de tsar

 

Ce garçon eut pour millésime

non pas L’Odyssée de l’espace

ni la rêverie sidérale

qu’avaient rêvée de grands écrans

mais au seuil de l’ère nouvelle

deux tours effondrées en gros plan

sous les coups d’un avion dément

 

Mes enfants de l’orée d’un siècle

beaux glaïeuls dont je crains la fauche

par une histoire désaxée

et notre terre que l’on tue

vous y poserez vos mains blanches

comprenant ce qu’auront tenté

vos parents sans y parvenir

 

Dans une crique de lumière

la page brille comme un sable

j’y dépose d’un sang de mûre

avec des vœux emplis de crainte

ma stèle pour un millénaire :

 

VIENNENT ENFIN LES TEMPS DE VOUS.

 

 

Alexis BARDINI

 

Notre maison est dans les livres

Dans chaque lieu où les forêts n’ont pas de nom

Partout où les fruits nous ouvrent leurs paumes

Au coeur battant d’un ciel

Son anticipation

Là où l’étoile est claire 

Jusque dans ses aveux

 

C’est ici qu’il faut vivre

Pour demain dans les pierres

Qui bordent les chemins

Ou pavent nos ruelles

Déposer le silence de nos joies tranquilles


 

Samantha BARENDSON

 

Sur les écrans, des films d’anticipation

Ici, un week-end à la mer

 

Sur les écrans, la théorie du complot

Ici, le sourire d’un inconnu dans la rue

 

Sur les écrans, des lignes de code pour programmer nos existences

Ici, un barbecue entre amis

 

Sur les écrans, un espace sidéral de gens sidérés

Ici, un horizon d’arbres et de tournesols

 

Sur les écrans, des selfies humanoïdes

Ici, toi, moi et nos rides

 

Sur les écrans, un continuum de l’absurde

Ici, des enfants qui sautent dans les flaques

 

Sur les écrans, les nouveaux oligarques rêvent d’alunir

Ici, il faudra penser à changer la roue du vélo

 

Sur les écrans, les particules forment des images indéchiffrables

Ici, une séance de cinéma et un cornet au chocolat

 

Sur les écrans, un futur dystopique comme une dictature

Ici, la liberté de dire, de faire et de recommencer

 

Sur les écrans, la fiction transmute vers le réel

Ici, un réel à réinventer

Linda Maria BAROS

 

Roman dystopique

Soudain, tu oublies tout : les rues infestées par les méduses

    brumeuses des hôtels, le continuum des toits qui

    disaient jadis du mal de toi,

    les ponts noués autour de ton cou.

 

La ville élastique, vivante et morte à la fois, gèle sur les bords,

            comme un lac gigantesque.

Ses légendes métropolitaines, ses déjections.

 

Tu souris – seul entre tes quatre murs blancs :

tu t’arraches les tubes, les drains, tout.

        La nageuse t’attend, elle flotte, seule, 

        par-dessus les quais de la gare.

 

Tu sens, pour un instant, la chair se détacher

        de tes os – doucement, comme un merle –

    et blanchir, dans l’électrolyse de la nuit, 

    aussi sombre qu’un brouillard qui descend sur le tard,

        les toits de la ville, les campagnes entrevues

        dans le lointain, l’horizon.


 

Jean-Marc BARRIER

Dans l’état des lieux de nos souffles

entrelace l’incertain et le nécessaire

noue l’aventureuse dystopie 

de ton corps radical

dans l’inspir    

fore le continuum de tous tes devenirs       

les mains ouvertes en avant de toi-même

suis la ligne claire de ton cœur

la lumière s’est glissée dans ton jour

une chanson      un sourire     un trait d’archet      

la rondeur sidérale d’une orange 

et vois comme renaît le délice de tes soifs      

alors      soulève la nuit et les choses

porte l’enfant évanoui       les oublis      les exils

transmute la fenêtre inattendue

lis       écris      et deviens le fruit de tous les éveils

 

 

Stéphane BATAILLON

 

LIMITES

 

Alunir de nouveau
et conquérir sans fin

mais toujours sans pouvoir

nous dominer à terre. 

 

*
 

MYTHIQUE

 

Revenir à la source
 

à cette particule
d’une Big Bang Theory
avant Open AI

quand les humanoïdes
restaient dans leurs récits

des villes de métal
 

que l’on pouvait sentir
le vent et le soleil
et le blé qui dorait


la nostalgie d’un monde
par anticipation. 

 

*

 

DÉCOUVERTE

 

S’échapper du chaos
du goût du sang
du fer
 

et retrouver de l’air
juste un peu de lumière

sur ce chemin de terre

hors dystopie frontale


C’est ça
peut-être
l’utopie.

Albertine BENEDETTO


 

Ce qui est à venir 

                                                                   ce qui est à rêver

                                                                   le pas encore advenu

                                                                   ce qui est en germe

ce qui en théorie

est contenu dans le continuum

de tous les possibles                                  tous les possibles

ce qui est programmé

                                                                   sans anticipation

         – le chaos/l’effondrement/la cata

strophe STOP virer de bord

loin des pénuries dystopiques

on n’est pas des humanoïdes

amas de particules

bons à transmuter sidérés

sur l’ordre du premier tyran musqué

                                                                   dans la clarté sidérale

                                                                   on alunit avec l’ami Pierrot

                                                                   on prend sa plume

                                                                   pour écrire un mot

                                                                   vraiment

                                                                   humain


 

Marilyne BERTONCINI

 

PRIÈRE A MON ENFANT POUR SON MONDE À VENIR

 

On ne peut pas toucher le temps qui passe et nous entraîne

pas plus qu’on ne peut toucher la lune 

du bout du doigt

 

Mais si je pouvais programmer le monde de demain

il aurait la couleur des étoiles au fond de tes yeux

 

Il brillerait de tant de feux qu’il réchaufferait toutes les âmes

et les corps las des travailleurs

 

Il serait vert comme la nature et sourirait à ta fenêtre

et les branches des arbres caresseraient les toits des villes

 

et les oiseaux te parleraient 

du temps que tu n’as pas connu 

 

ce temps passé où j’ai vécu en espérant que ton demain

soit tissé de douce soie et d’or, de particules de bonheur

que je t’adresse avec ces mots.

Camille BLOOMFIELD

Jenyfer de la 5G

 

Mon téléphone prend des allures 

de plus en plus humanoïdes.

 

Tout a commencé par un nom.

Un petit nom 

à particule :

« Jenyfer de la 5G », qu’il s’appelle

c’est son wifi qui me l’a dit

chic, non ?

 

puis, sa coque elle-même s’est transmutée

d’un élégant « noir sidéral »

en un mince sticker miroir 

   de ma beauté astrale

(pratique pour se maquiller)

 

aujourd’hui 

mieux que personne         il m’écoute

il me regarde                   mieux que personne

il reconnaît mon visage 

s’ouvre à ma caresse digitale 

s’épanouit quand je lui parle :

un geste tendre et     le vlà qui s’déverrouille !

 

Bientôt il saura exécuter

courbettes et salamalecs

danses de claquettes à la demande

me proposera une collec’ de mecs 

ou de filles un peu BG

triées sur le volet 

pour « Jenyfer de la 5G »

 

Et quand il sera grand

il épousera mes écouteurs

ensemble ils auront des bébés-téléphones

dans leur tiny-house ultra-connectée

et en guise de métier il fera

- pourquoi pas - 

alunir les TGV

Un continuum········de moi········à lui

········de lui········à moi

 

tout à moi il est 

tout comme moi il est

pro

       gram

                 mé

 

Est-ce un réel très théorique

ou une théorie bien réelle ?

Anticipation utopique 

ou vision dystopique ?

Honnêtement, je ne sais pas.

Sans doute les deux, tout à la fois.


 

Clément BOLLENOT

 

Si on pouvait

envoyer une lettre à l’à venir,

on pourrait programmer les mots

antidote au continuum dystopique

en cours de téléchargement

 

Si on pouvait

envoyer une lettre à l’à venir,

on pourrait par anticipation

conseiller de débrancher les robots humanoïdes

pour ne faire confiance

qu’aux particules transmutées par l’amour

 

Si on pouvait

envoyer une lettre à l’à venir

on pourrait alunir nos espoirs

à l’attraction sidérale

puisque tout est possible

en théorie

Yves-Jacques BOUIN
 

L’espoir

C’est l’anticipation 

Du bonheur
 

*

Réalités dystopiques

Rêves utopiques

De l’imaginaire voici les Topiques 

 

*

Des larmes à la joie 

Dans le continuum des émotions 

Parfois je pleure de rire

 

*

 

Programmer c’est déjà

Vivre au présent

Ce que demain nous offrira peut-être


 

Julien BUCCI

 

Germinal

 

je suis parti de zéro 

une cellule

puis deux

cinq

dix

 

chacune se scindait

et se multipliait

 

je n'ai pas cru

(j'étais perplexe)

 

qu'une infime particule de vie 

qu'un ovule 

un O.V.N.I.

puisse faire lever

un être minuscule 

tout un corps à venir

 

partant, j'ai crû 

(de façon circonflexe)

 

un peu de moi

un pain de mie 

poussait sans cesse

prêt à marcher 

à choisir 

à tenter

 

pour finir par écrire

ces mots même que tu lis

et qui poursuivent sans arrêt

leur élan

leur poussée


 

Valérie CANAT DE CHIZY

 

le chemin de mon cœur

passe par une montée pavée

c'est toujours une anticipation

de retrouver la nature

une manière de revenir

au pays de l'enfance

teinté de particules bleues

 

suivre l'envol de l'oiseau

percevoir le son

de ses battements d'ailes

 

il suffit d'imaginer

chacune de ses plumes

vibrer au contact de l'air

transmuter le mur du silence

en doux froufrou alors

l'espace alentour devient sidéral

Gérard CARTIER

 

Lucrèce

Choses minimes qui font penser

débris de bois chiures de mouche pollens

particules impondérables des philosophes

qui dansent dans les rayons des jalousies

se cherchant se fuyant en aveugle        ainsi

qu’au fond de la nuit sidérale étoiles

et galaxies        cendre bise des vieux livres

qui enseignent les morts dans l’ombre des cloîtres

          et toute cette farine du vivant

poissons d’argent cirons animalcules

vibrions porteurs de vie et de mort

qui nagent dans un ciel inversé parmi 

les atomes impalpables de l’archée

et du phlogistique        vertige tout s’efface

poussière poussière poussière        arrachée

à l’immense corps de la nature et sans cesse

           en instance de la recommencer

qu’une goutte d’eau et un photon suffisent

à faire gonfler par à-coups à la taille

de l’univers…

 

                  (À Jean-Pierre Chambon)


 

Judith CHAVANNE

 

Le très léger égouttement après la pluie, 

porte ouverte dans la nuit, 

un tintement sourd aux contours nets 

 

comme une phrase prononcée lettre à lettre.  

 

Quelque chose – suspens du doute – 

ne cesse, 

toujours s’extrait de l’absence et de l’ombre

 

comme un secret qu’on distille. 

 

Quelque chose ténue — simple particule, 

mais une perle pour l’ouïe.

Pascal COMMÈRE

 

Converser avec le rougequeue

 

Une heure passée en vain à chercher un livre

introuvable parmi les piles les entassements, j’ouvre 

la fenêtre, un rougequeue au pied du rosier s’affaire,

s’interrompt, me fixant de sa prunelle, pas plus que moi 

il ne sait de quoi demain sera fait, cependant 

que je le presse de questions, usant

de vocables qui ne l’aident en rien à clarifier sa pensée 

comme si, locataire du ciel, il n’avait souci  

de ce qui règle la vie sur terre et plus particulièrement 

pour ce qui concerne les temps à venir, alors que dans l’ombre

d’une cabane en tôle, là-bas, un vieux se remémore le temps où jeune résistant

il arpentait de nuit les chemins à couvert, évitant 

les gardes-frontières et leurs chiens, et combien ce temps

a passé, a changé du tout au tout, maintenant que des drones 

épient le moindre mouvement suspect, n’ignorant 

rien des vagabondages d’une abeille en proie 

aux harcèlements des frelons, ni des déplacements 

intramuros de la taupe au jardin où un enfant 

assis dans l’herbe à deux pas et qui n’est là que le temps d’une vacance

s’émerveille d’une profusion de groseilles, si rouges, étonné

par ailleurs de ce qu’un jardin de ville offre de couleurs, les fleurs 

des pissenlits cette année encore parsemant

à perte de vue les abords, sans que quiconque ici ne les remarque, soleils 

de quat’ sous dont on peine à mesurer

ce qu’une joie sans artifice leur doit, de celles

qui nous traversent, nous empoignent, sans forfanterie

comme lorsque l’eau, après avoir manqué, retrouve d’elle-même 

l’itinéraire de la source, le ruisseau de nouveau habité 

d’un bruissement permanent dont l’enfant, plus tard,

gardera un souvenir ému, tel un droit de vivre inaliénable

face aux dérèglements prévisibles : pandémies, canicules, tsunamis et autres

catastrophes, avec pour unique compagnie – c’est mon cas aujourd’hui –

les trilles d’un rougequeue, envolé à l’instant, refusant

semble-t-il la vision d’un monde dystopique dont on espère

malgré tout qu’il restera habitable – et pour longtemps encore.


 

Guillaume CONDELLO

 

Bricolant bouts de mots en fagots de hasard

comme au creux du cactus le néotome

se terre ajoutant au sol son odeur

puisque tout n’est rien qu’effet de langage

à savoir la ride étonnée où tremble tout

l’innommable non néant mais muet donc nul,

qui de nos prédateurs déchus reste le seul

contre quoi faire un nid recyclant des idées

puisque l’espèce le veut et la vie

(le corps secrétant pour le corps de quoi

garder le corps secret – en théories :

ce n’est encore ici que l’effet du langage)

d’où voir, griffant le ciel, les épines muettes

couvrant le sol interminable.

François COUDRAY

 

et quoi mes mots pour

sauver le monde ?

notre chant le plus pur

parviendra-t-il jamais à

rendre corps

aux oiseaux disparus ?

à moins que votre chair

ne s’en laisse traverser

ne leur redonne souffle

qu’avec vous le poème

se lève

pour écouter la terre

 

tu rejoins la blessure

du bosquet silencieux

dans le texte des branches de

la lumière

contre le sol

humus

feuilles mortes

de si loin profondeurs

abyssales

tu habites le tremblement 

laisses croître le pouls

poussière

particules

part

de tout ça qui s’efface

 

et quoi nos mots pour

respirer ensemble ?

si l’étreinte du chant

le plus ténu

bancal maladroit

ne pouvait que cela

je t’écrirais encore

David DIELEN

 

LES OISEAUX TOMBENT

 

les oiseaux volent maintenant comme des particules élémentaires

prises dans le continuum de l’horizon

visitant tout du monde

la ville qui les noircissent

les champs gonflés de poisons rugueux comme du chanvre

 

loin du temps sidéral

les oiseaux tombent

ils tombent dans un espace sans bruit dont les cratères creusent un peu plus

     la mort

 

ils alunissent

on hallucine

les oiseaux tombent

ils tombent

 

ce ne sont plus que des gouttes acides qui brûlent

le bitume des rues

les silex du chemin

 

     flac          clac

                     flac       clac

                                  flac          clac

                                                                clac

                                                                clac

 

 

Guillaume DREIDEMIE

Continuum du rêve 

 

Hier n’est pas que dans le souvenir, 

Il est là, dans la fraîcheur des fruits, 

Dans tes mains qui forcent la grille, 

Le jardin pourrait apparaître.

 

Il n’y a plus de roses, détache des branches 

les feuilles mortes. La chair empiète

sur le matin des pierres. 

 

Il n’y a pas besoin de prier

Pour que les roses vivent ou meurent,

 

Prions. 

Chantal DUPUY-DUNIER

 

Les mots ivres

 

Et si le poème n’était pas le lieu de l’utopie,

mais une contrée dystopique

où s’exposer au pouvoir des mots,

où hasarder tout son être,

où s’aventurer dans un espace sidéral inconnu.

Ah ! S’étourdir jusqu’à la débauche de « bleuités,

délires et rythmes lents sous les rutilements du jour » *

au risque délicieux de se perdre…

*Arthur Rimbaud, “Le bateau ivre”

Sylvie DURBEC

la la la lune / la la la terre

en attendant la la la pluie

chanson

 

Alunir alunir/ pourquoi faire danser dans le vent sec

tel un papillon dans un cinéma sidéral un fennec

la lune entre les dents ?

babille la chenille.

Se rêver en frêle particule

en pratique bien difficile

quand on a besoin d’eau

en théorie c’est ridicule

se croire délivrée du fléau,

déchante l’éléphanteau !

 

Alunir /drôle de verbe pour celle qui se tient

dans son lit d’herbes attendant presque rien

pour s’envoler plus haut là où il fait chaud :

ça sera un vrai festival ! se régale la cigale.

 

(Alunir alunir je préfère dormir

soupire d’ennui le tapir

assoupi sur son tapis.)

La lune est en bas                                                                        La terre est sans eau

Le ciel est en haut                                                                        le soleil en trop



Myriam ECK

 

Cette particule a traversé la mer

 

Sentir la poussée de présence dans le corps qu’elle ouvre à son passage

 

Une fois prise dans la matière du corps la particule se met à respirer

Étienne FAURE

 

Par anticipation des visites étoilées

j’ai laissé la fenêtre ouverte la nuit 

un trait d’astre alunit vers minuit

bascule sous la chape sidérale.

Demain est un autre rêve.

 

Odile FIX

 

quelque part

nos ombres souterraines sommeillent encore

 

les rocs émettent d’infimes sonorités minérales

 

nous sommes parti(e)s depuis longtemps

les sentiers sont effacés

 

l’oiseau sidéral comme l’esprit 

traverse le feu des étoiles

 

nous nous souvenons des regards fluorescents des animaux 

– nous les nuits pâtures de l’absence –

 

Jean-Marc FLAHAUT

 

ISSUE DE SECOURS

 

pluie noire

rayons de soleil violets

la ville est verte 

circulaire frugale mutable 

sidérale intelligente multimodale 

le continuum espace temps est 

complètement différent ici 

c’est régénératif

bornes interactives 

points de vente connectés

technologie personnalisée 

expérience d’achat cohérente homogène 

pour clients pressés refusant 

toute friction ou contact physique

les gens s’endorment dans leur voiture autonome

comme dans un futur dystopique 

humanoïdes heureux en théorie

quelle échappatoire pour toi

pour moi

au milieu de tout 

ce cirque ?


 

Gaëlle FONLUPT

 

l’homme marche entre deux bruits

de terre brune et de trottoirs acides
 

la ville a voulu programmer la lumière, 

l’heure, le geste,

l’aire des zones humides et la pente des toits
rien ne tient tout à fait :

le néon tremble comme un pardon sans voix

 

la langue s’efface et les mains brûlent

un ciel sans théorie

la patience des herbes

les pétales desséchés d’une autre vie 

 

l’homme a cru

transmuter l’orage en promesse de grange

mais revient la nuit creuser des douves 

alunir son ombre en particules

au pied d’une fougère pâle

 

le continuum des cloches

anticipe son visage
posé sidéral 

entre deux battements

 

se défait

la légende qui le tient

sur le front de l’enfant


 

Romain FUSTIER

notre maison fantomatique dans la brume – elles sont revenues d’en ville parmi les brouillards, ont retrouvé notre rue sous des monceaux de vapeur, des tas d’eau en brouillade, en masse gazeuse dans l’atmosphère – cette apparition d’où nous habitons à travers le flou ; cet éclat voilé des luminaires du rez-de-chaussée depuis le trottoir comme perçant un tissu ; ces fines gouttelettes qui paraissent vapoter : l’air fume ses particules ténues 

 

 

Anne GAUTHEY

 

Dans ce message, je cherche les particules programmées sous haute tension. 

Je regarde, reflet humanoïde.

Je pense à toi, réflexe humanité.

Et j'espère, rêve en théorie.

Dans mes poches, des poussières sidérales, des rires, des drames.

Alors je stagne dans un charme continuum, dans une myopie dystopique.

Je crois apercevoir mes pas dans les tiens qui alunissent.

J'hallucine ! J'atterris encore avec anticipation.

J'ose transmuter mon souffle vers les autres.

Je me réveille. 

Je revis


 

Laure GAUTHIER

  Théorie du lieu-dit

  le petit village a mangé son nom, 

  jusqu’à l’os 

  des cartes et de la voirie,

  l’a mangé jusqu’au puits, jusqu’au mien

  un village trop petit pour un nom, 

  nous n’avions pas d’adjectifs

  il fallait grandir dans un non-nom 

  de lieu sans en faire état

  ni un fromage

on trouve toujours un nom à ramasser

  en se baissant dans le fossé 

  des souvenirs on trouve toujours 

  des surnoms estampillés

  sur nos gestes d’enfants qui restent 

  des masques à vie

  qu’on ne veut jamais démaquiller,

  le visage dessous demeure hébété, 

on trouve toujours des prénoms effacés sur 

  le visage des enfants redonnés 

  qui cheminent avec leurs étiquettes recollées, 

  l’état civil s’arrange avec les trous

  de la voirie et des vauriens

on trouve toujours à nommer

  tant bien que mal

  à tout prix

  j’ai grandi avec une gêne à l’endroit du nom 

  propre sans trop savoir,

  un point de côté dans la marche,

  la gêne est un nom d’enfant pour plusieurs buissons 

  obscurs, j’ai habité un petit village sans nom,

  un hameau opaque,

  qui m’allait bien 

  un lieu-dit avec des gênes dedans

  et des sans gènes, peu de monde mais des maisons 

  de pierre, les logettes, des petites loges

  et nous à l’intérieur, 

  mes parents et mon frère 

  disparu depuis, vivant, dans un trou 

  à retardement, 

  disparu dans la faille sans nom, 

  qui le retient la tête au-dedans, 

  là où c’est mou, sous l’étiquette,

  il doit être un t-shirt blanc, 

  à présent, sans motif,

  un non-lieu non-dit, 

  le hameau, il ne le connaît plus, 

  il est sous ses organes, 

  dans la mémoire, ce lieu-dit 

  tu, un lieu de faible étendue 

  à qui on a associé un nom, 

  deux peut-être même,

  lui et moi en somme

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Pink Bubbles

Albane GELLÉ

 

Combien d'ici et de là-bas, dis-moi

nous ne tournons plus très rond 

nos particules se fracassent 

et nos fréquences sont brouillées

il faudrait abandonner 

nos cartons de théories

sur un bord de route

et se remettre à toucher terre

et se remettre à toucher ciel

 

Élisabeth GRANJON

 

Loin, très loin.

La pollution dessine un brouillard

De tristesse sur le monde.

Il est l’heure de déplier nos songes

Enfiler nos ailes de coton. 

 

Des galaxies plein les veines,

Nous alunissons en douceur 

Sur la rondeur bleue

D’une planète amie.

 

Un ange chevauche un nuage,

Murmure une réponse

À une question

Qui n’existe pas encore.

 

Nous lui racontons le vent salé 

Et les particules océaniques

De notre petite terre 

Que nous quittons seulement

 

Dans nos rêves d’astronautes.


 

Luce GUILBAUD

 

Certains peignent les formes de l’heure à venir

d’autres inventent les villes nouvelles

les courbes du paysage de demain

ils gravent aussi les théories de plus clairs matins.

 

Et le poète quand il rêve cherche

entre les mots les voix de ceux qui naîtront

il sait déjà que l’amour tremblera toujours

et que la nuit n’effacera pas ses étoiles.

 

*

 

Les bouches de volcan sont des oracles

qu’il faut interroger malgré l’incandescence

dans la fusion la confusion des fumées

on entend les voix du ventre de la terre

jeter d’effrayantes prophéties

 

mais les silences entre les fureurs

parlent d’herbes nouvelles

d’oiseaux chanteurs de migrations joyeuses

même de jachères fleuries de rivières dolentes

 

de la bouche des volcans s’échappent

des particules de cendres fertiles 

qui se posent sur la terre en douleur

d’où naîtront d’heureux soupirs.

 

*

 

Ce sera un monde en jeux et en joie

des fleurs à tous les balcons

des passants se saluant en souriant    

    on n’y croit pas !

 

Ce sera un monde sans frontières

sans prisons et sans guerres

un monde accueillant à tous les errants

    on n’y croit pas !

 

Un monde de mers calmes 

de lumières sidérales d’îles idéales

et de nuits pleines d’étoiles

    on n’y croit pas !

 

Un monde d’hommes libres et tranquilles

d’animaux réconciliés

de paix programmée

    on n’y croit pas !

 

        Et pourquoi pas !!!!

Valérie HARKNESS

 

D’ABORD LES FORMES.

Lignes d’arêtes des toits,
Et celles des reliefs

 

 —

 

Toutes les lignes de tous les horizons,
Rendues par l’artiste d’un trait.

 

Les chemins qui contournent les blocs,
Les maisons qui se dressent,
Les cadres des fenêtres
Où se tournent des films.

 

Tableaux, peintures,
Comme des avions à l’heure du départ,
Hésitations fébriles
Face au seul horizon.

 

Plus haut, les gratte-ciel
Aux sommets enneigés,
L’été,
Se pâment.

 

Ce sont des étoiles lointaines,
Dans le temps sidéral,

Leurs poussières 

 

— nos formes.

 

Après, les trajectoires.
Les lignes traversantes.

 

Le chocolat carré
Voyage
Par des molécules de temps,
En fondant et se refondant.

 

Au goûter,
La nappe de la cuisine d’il y a bien des ans
Reprend de la couleur.

 

Jouer encore.

 

Plus loin,
Les brins d’herbe,
Leurs lames acérées
Capturent l’aube larmoyante.

 

Sur les chemins à suivre,
Les trottoirs mal finis
Et dont on dégringole.

Marie HUOT

 

Sidéral mystère

 

Quand la grande énigme des oiseaux migrateurs

Croise nos questions d’avenir

Nous nous sentons soulevés de terre

Et prêts à partir vers les quartiers libres du ciel

Là où les meneurs d’orages

Et les hirondelles de pluie

Dansent devant les nuages

Confiants du jour qui vient

Quand la grande énigme des oiseaux migrateurs

Croise nos questions d’avenir

Nous nous tenons au bord

D’un sidéral mystère


 

Sabine HUYNH

Alunir

 

Alunir, qu’est-ce ça veut dire ?

Ça veut dire à lundi, 

au jour de la lune,

 

pour un continuum de cours,

maths et physique,

histoire-géo et anglais...

 

Souvent on me dit d’atterrir, 

descends de la lune,

alors qu’en vrai j’ai amerri.

 

Pas mardi, qui n’est pas le jour 

de la mer, mais le jour dystopique 

des bagarres et de la guerre,

 

ni mercredi, jour du dieu

des voleurs qui me chipent

mon quatre heures.

 

Jeudi on me demande si ça va,

je dis comme un lundi

sans soleil, par Jupiter !

 

Vendredi j’amerris, jour de poésie,

et samedi je me réveille, jour du repos,

et dimanche, ah dimanche, jour du grand 

 

repas dominical : le poulet rôti

sidéral et ses cratères lunaires 

où ma langue rose se pose.

Ludivine JOINNOT

tanguer n’est pas chavirer*, disons-nous

entre deux roulis de vagues qui nous dévi(d)ent

infimes en nos matières

nous unissons nos forces 

quelque chose en nous se délie

qui tient du verbe

d’une volonté probable

d’un abandon

nous défaisons patients ce qui se fait 

avec l’obstination des enragés

nous sommes de fines particules 

arrachées au silence

nos corps s’ébrouent se délestent

c’est en nos mains réparées

que s’insinue un futur sidéral

* proverbe sénégalais

 

*

 

à quoi rêves-tu

ton nez vers le ciel semble s’échapper

tes pensées s’envolent de traviole

sans raison, des sourires se dessinent sur tes lèvres

 

« cesse donc de rêver », disent les grands

« tu as toujours la tête dans les nuages ! »

soudain, tu alunis

comme venu d’un autre pays

 

tu marches dans la ville

les gens se pressent sans te voir

les voitures s’embouchonnent 

les oiseaux tourbillonnent 

les klaxons klaxonnent 

rêveur, tu portes en toi la promesse d’une galaxie

 

 

Christophe JUBIEN

WU WEI OU LE CONTINUUM

 

 Si tu souris au vent

 qui souffle dans les branches

la chance t'apportera peut-être

comme au moine Ryokan 

 

« assez de feuilles mortes

pour allumer un feu »


 

NOTES : 

Wu Wei est dans le taoïsme, le fait de suivre le flux naturel des choses et l'ordre cosmique originaire, sans le perturber ni tenter de le modifier. C'est agir en conformité avec le mouvement de la nature et de la voie ( Tao ) .

La citation finale est une référence au haïku du moine zen et poète japonais Ryokan : “Pour allumer un feu / le vent m'apporte assez / de feuilles mortes.” Ce haïku est une parfaite illustration d'une vie conforme au cours naturel des choses.

 

Claire LAJUS

 

Je me demande

 

je me demande si je ne devrais pas cultiver de la glace, planter des arbres où rien ne pousse

encourager les insectes invisibles à se transmuter

je me demande ce que raconte la petite chauve-souris du crépuscule avec son vol qui bégaie

au-dessus des immeubles

je me demande si je ne devrais pas faire le tour du monde malgré les endroits interdits, ceux

disparus, ceux à la dérive

je me demande si je ne dérive pas moi aussi et vous avec

sur le continuum des agendas serais-je bout de banquise, serais-je en train de fondre je me le

demande, je perds pieds ça ! et je ne suis pas la seule

de nos jours dystopiques mieux vaut avoir le pied marin

je me demande si je ne devrais pas acheter un bateau, apprendre à naviguer

peut-être alors ma vie tanguerait moins

(et la paix repêchée et le monde réparé)

je me demande s’il est bien raisonnable de savoir tout ce qui se passe sur Terre chaque jour

j’ai le vertige.

Cédric LE PENVEN

Être au présent


 

Poser quelques mots sur la page

en se disant qu’ils seront lus par des enfants ou des adolescents

qui connaîtront plus que moi le visage du futur

me fait un peu peur

 

Même si je m’efforce de ne pas participer

à la grivèlerie générale

(je pèse mes mots, je plante des arbres, j’accompagne des abeilles)

je ressens déjà un peu de honte

 

Que répondrons-nous à leurs questions

quand l’été ne sera plus la saison des bains de mer

des fruits, des soirées passées à discuter au milieu des grillons 

des papillons de nuit, des loirs qui courent sur les faîtes et les poutres

mais des jours enfermés, volets clos, bouche ouverte

comme des carpes qui suffoquent ?

 

Certains et certaines déjà nourrissent

des rêves sidéraux

et abandonnent leur planète

quand elle réclame des gestes tendres

 

Avant de programmer un voyage

qui serait une désertion

si nous apprenions à aimer

chacune des particules terrestres

 

Pas de théorie, pas de dystopie

juste une invitation à faire quelques pas dans un jardin

avec nos aimés et nos aimées

à écouter le chant du merle, à inspirer l’air lentement

 

à savourer la joie d’être

Isabelle LÉVESQUE

L’arête

Seule une particule

peut ajourner le précepte.

Il suffit d'une recette – manque

demain sur la ligne du temps.

Le souffle court, je renseigne. J'accours.

Monde ainsi fait

d'une seule traite.

Pour respirer, 

détachons le vrai du faux.

 

Accordons le signe

à la ligne de partage.

Programmons le verbe,

propulsons l'accent aigu

sur l'arête infinie du poème.


 

Camille LOIVIER

 

main sur le dos

10000 soleils

 

le corps des amants disparait

(plus qu’un seul corps pour eux seuls)

 

granuleux de la peau les bras

s’enlacent

ils vont s’assoupir

les étoiles dans le ciel

plus bas

organisme de la terre dans la terre

les étoiles scintillantes

plus bas que terre

 

une sensualité qui se détache du corps

humain pour toucher le cosmos

des bras qui s’enveloppent

d’une texture de sable 

à la limite de la brûlure

une autre planète répand ses particules d’étoiles

Sophie LOIZEAU

 

Continuum de l’étang

 

A ce point de très grand

Vertige où l'on est prêt de confondre

Le fond lorsque le ciel

Se révulse dans l'eau

Et agite les branchies qu'ont

Les arbres à la place

Ce temps faible où l'on se sent

Verser

Tomber sous le coup réversible

Du sens

Être le ciel et l'eau

Le vide au fond qui bée

Je ne sais si ma persévérance à croire

Au ciel

N'est pas l'origine de cela qui me voudrait

Lâchant prise et trébuchant dans les feuillages

Dans tout ce matériau de l'air

Cet imagier

D'étang absolument obscur à lui-même

Qui prend l'identité de la trouée

Entre deux nuages

Béatrice MACHET

ARTE DE VIVIR-ART OF LIVING- yaşama sanatı- τέχνη της ζωής-ARTE 

DE VEVER- arta de a trăi- уметност живљења (umjetnost življenja)- arti i të jetuarit-ARTE DI VIVERE- אמנות החיים- … 

ou simplement Art de vivre (hommage à Verlaine déguisé !)

 

De l’empathie avant toute chose

et pour cela au dystopique

préfère l’utopie. Ni ne programme

ni ne transmute l’humain en humanoïde.

 

Rien qu’un continuum de cœur 

à cœur. Musique des battements 

à l’unisson pour allumer des 

étoiles ailleurs que dans le grand vide 

intersidéral. 

                      De l’empathie 

avant toute chose pour en finir

avec les guerres.  Vivre en harmonie.

Partager. Offrir. Aimer. Guérir

notre folie prédatrice. Pour cela

prends la cruauté, tords lui son cou.

Vienne le règne de l’égalité, 

de la solidarité, plus de frontières. 

Alors entonne l’hymne à la joie …

 

Et tout le reste est littérature.

Maria MAILAT

 

Continuum

 

Du sang sur les plumes 

d’un jeune serin blessé.

 

Tombé du nid, le cou tordu,

la poussière l’engloutit. 

 

Quelle berceuse pourrait apaiser 

ses spasmes et cris d’agonie ?

 

Le ciel bleu brille 

dans les feuilles de l’olivier,

 

mais l’ange ne se montre pas. 

Nul sauveur.

 

Sur une branche, la mère de l’oisillon 

sanglote et hurle, peut-être, 

 

mais son chant se répète dans la joie

comme tous les autres matins.

 

Le poème prolonge le chant 

et sauve l’oisillon tombé du nid : 

 

il est toujours vivant 

dans la fragilité de cette page.

Béatrice MARCHAL

 

De la ville au village,

du village à la ville – 

allers-retours de mon enfance,

rythme premier au cœur 

d’un continuum rebelle aux théories, où

l’espace contenu entre deux mondes

s’est transmuté 

en sidérale poussière de souvenirs.

 

Amandine MAREMBERT

 

Des mots de nos lettres

ajoutent des étoiles 

à l’espace sidéral

 

leurs lumières brillent longtemps

au-dessus de nos têtes 

allument des lampes durables

à nos chevets 

 

les lettres de ces mots

sont les mailles d’une couverture réchauffante

qui enroule nos nuits

berce nos veilles

 

Samuel MARTIN-BOCHE

 

CONTINUUM

 

Une tasse à verser

le café brûlant 

du présent

 

à la radio

les dernières nouvelles

 

particules invisibles

en suspension

dans une cuisine de tomettes 

rouges

 

on alunit

à une vitesse sidérale

de l’autre côté de l’existence.

Simone MOLINA
 

ta voix s’élance 

vers un horizon

aux couleurs sidérales

 

vibrante     

elle me parvient 

au-delà des forêts     des mers     

et du fracas des villes

 

une même allégresse 

transmute notre rencontre 

                         moi qui ai tant vécu

                         et toi     l’enfant 

                         d’un monde à venir 

 

ne désespère pas 

la vie ne se programme pas

 

dans ton corps  

l’océan et le ciel     réunis 

coulent 

depuis la nuit des temps 

 

particule joyeuse

tu es fragment d’étoiles

parcelle du fond marin

                         atome pour l’infini

Ada MONDÈS

 

Pour un monde à venir

 

il y a très longtemps

nous lisions les étoiles

le livre du ciel ouvert

à nos désirs de récits

Sirius Antarès Aldebaran étaient aussi les noms

de chevaux éblouis dans la nuit sidérale

particules au galop dans le continuum

 

on dit ainsi du poète qu’il est dans la lune

tête en l’air parmi les nuées de mots

mais aux délires d’alunir il préfère la terre

la vigne rouge sous ses yeux qui s’élance à l’étreinte

à pleins poumons son cri d’automne

préfère le pétrichor l’odeur mouillée du monde plu

préfère encore les infinis chants les infinies couleurs

pour un monde à venir

nos histoires terrestres à recoudre

dans la toile dystopique


 

Carl NORAC

 

Alunir au plus près

 

Enfant, je regardais la lune,

en essayant de faire sa connaissance.

Ma théorie est qu’elle me voyait de son œil immense,

qu’elle m’entendait aussi :

- Comment vas-tu là-haut ? Pas trop froid ?

Mes pensées voguaient si loin vers le sidéral.

Et moi, petite particule de l’univers,

humanoïde en culottes courtes,

j’imaginais pouvoir un jour la rejoindre,

en fusée à programmer ou juste un peu ailé,

costumé comme dans les films d’anticipation.

Je rougis un peu quand je repense à cette époque

et, pourtant, souvent, sans me moquer,

je me surprends encore à rêver 

qu’elle se penche, avant minuit, 

pour me sourire.

Lydia PADELLEC

 

Voyage sidéral

 

Ma chambre s’illune

D’une clarté pâle : 

La lune semble m’appeler.

Mon corps s’élève

Devient particules

Traverse le mur.

Mon corps voyage

Au-dessus des villes

Illuminées la nuit

Par des constellations

Électriques – 

Mon corps s’envole

Encore plus loin

Loin des campagnes

Loin des déserts

Loin des océans

Vers la clarté sidérale

De mon amour.


 

Orianne PAPIN

 

Une année sidérale 

c'est 365 jours, 6 heures, 9 minutes, 10 secondes 

notre année tropique 

c'est 365 jours, 5 heures, 48 minutes, 45 secondes

 

pendant que nous restons droits sur nos jambes

les étoiles lointaines dérivent doucement 

avec 20 minutes et 25 secondes d'avance sur nous

 

c’est dans cette brèche que tout se joue

les 1225 secondes

qui, sur nos horloges,

n’existent pas

 

alors si notre monde parfois te semble

tourner étrangement

n’oublie pas ces 1225 secondes secrètes

cachées quelque part dans l’univers

tu peux t’y réfugier

laisser tes pensées, elles aussi, dériver doucement

et tresser tes plans d’avenir

aux étoiles. 


 

Thierry PÉRÉMARTI

 

D’avant la suffocation

l’asphyxie goutte

à goutte

programmée l’obsolescence

 

qui rode érode

nous indivise

continuum mortifère

 

perdu de vue ce pauvre monde

déserté d’amour sucé jusqu’à

la moindre particule

 

peut-être un espoir aux abois une prière

avant la dévastation sans doute

un sursaut affamé

qui se hisse

 

faire chemin inverse

au monde revenir

plutôt qu’un monde à venir

 

Théo PERRACHE

 

J'espère sur la lune 

 

La Terre explose à la fin du poème

J'écris dans la fusée

En route pour la lune

Un fond d'oxygène dans la capsule

Grigris de fleurs séchées dans l'album photo

Plastique triste entre le cactus et la rose éternelle

Avec elles, je peine à respirer

J'espère alunir à la fin du poème

 

Derrière moi

Pour quelques secondes encore 

Les scooters battent la campagne

Derrière moi

Un iceberg pousse dans le frigo

Une carcasse de tractopelle se noie dans la bouse 

Un immeuble s'écrase sur un fossile de chat

Derrière moi

J'espère ne plus regarder

 

Pour vivre sur la lune 

Je programme un nouveau corps

À partir des miettes de la Terre

J'invente une carapace 

Crâne de cerf sur la tête

Feuille de chêne sous l'omoplate

Crin de cheval pour m'habiller

Cadavres de moteurs pour me chausser

Pétales de carbone devant les yeux

Encore un peu de biche au fond du cerveau

Encore un peu de violettes dans la mémoire

Particules d'espoir sur la piste d'alunissage

 

J'espère sur la lune

Rire encore un peu 

3

2

1

 

Coralie POCH

 

Apprends à voir

tous les paysages qui grandissent en toi

nage entre les racines dans les mangroves sauvées

dors dans des forêts de hêtres encore entières

choisis tes combats à l’étendue de leur moisson

invente-toi un futur ancestral

sauvage et tendre comme une jeune pousse de fenouil

un futur avec des odeurs de menthe et de terre chaude

un futur sidéral

où les nuits seront données pour regarder les étoiles

à même la terre

 

Transmute-toi, deviens grenouille, herbe, fleuve,

crois en tout ce que tu croises de vivant

entends la voix des autres qui coule en toi :

reconnais les mots de l’ours aux cavernes de ta gorge

recueille le silence de l’aulne

l’eau du glacier dans tes mains

ils sont ton avenir

 

Préserve l’abondance des sourires

et la présence intacte de corps

qui respirent et qui sentent

peuple ton esprit de blancs glaciers,

d’étendues sans vertiges,

de sources et de rivières libres

 

Aide les paysages à grandir à l’intérieur de toi

sauve tous les arbres de toutes les forêts

apprends surtout à voir

à regarder longtemps

à reconnaître l’oiseau

à son sursaut fragile

son regard d’éclaircie

 

Conserve les présages

seulement ceux qui savent sauver

et fais les briller dans tes yeux

crois en la possibilité d’un monde où

vivre serait beau

comme un ciel de janvier

Grégory RATEAU

Sur tes trottoirs enduits de poudre, des humanoïdes ivres se laissent aller, jeûnent à coup de temps mort, de petits compromis fumeux dans l’amnésie du soir.

Ici, on s’arrange comme on peut avec les trocs. À l’ombre des blocs, les journées se grignotent, se recrachent aussitôt.

 

Sur tes boulevards, les volants, à coup d’aigreurs bureaucratiques basculent. Klaxon contre klaxon, les mouettes mitraillent le sol.

 

Tout s’étiole lentement. Les ancêtres en file indienne se prosternent devant des écrans vides : un cierge allumé au nom des exilés.

 

Les gloires statufiées veillent au grain. Sur tes places éventrées, des reliques du faste d’antan. La vie s’accroche à des particules de beauté.

 

Des cratères sur le pavé, les gamins improvisent. À saute-mouton pieds nus et hop dans ton énorme gueule.

Dans l’impasse, l’herbe gangrène le béton, un vaste portail mauresque, des résidus de lumière pendus aux fenêtres. Les Mille et une nuit dans un trompe l’œil.

 

Tout ici appelle aux souvenirs avec ses champs et ses vignes oubliés.

 

On glisse sur toi en reconnaissant seulement des bribes, en fulminant sur un ailleurs. Dans l’impossibilité, pourtant, de te fuir.

Diane RÉGIMBALD

 

Si les mots entre horizon

des rêves et des réalités

transmutent les désirs à leurs aimants

le jeu du temps fou

entre mondes grouillants

et monde en agonie

s’amuse à balancer ostensibles

                   les gestes de l’espoir

les bras s’élancent dans un feu d’avenir

là où il fait trop chaud 

où on s’exerce à jouer 

avec les particules de cendre

des forêts tant de fois traversées 

l’image sidère brûlée, chavire dans les gestes de survie

réveil cru 

                   au dénuement et à la faim 

 

la déroute obligée éveille

la réalité des nécessités humaines 

le corps sidéral abîmé de lumières fugitives

invite le récit dystopique, sa démesure 

mais on le déjoue, renverse les visions sombres qu’il dresse 

la langue inquiète transforme le champ qu’il occupe

en un espace inventé composé 

                   de fictions ardentes et de partages magnétiques

 

l’utopie reprend les jours du réel

compose un ancrage une bascule

des naissances qui fleurissent 

la faune les végétaux anticipés

des radicaux libres 

ensembles d’infinie volonté 

à savoir reprendre le sort

                   de vivre


 

Clara REGY

 

« j’ai fait un rêve »

l'air est doux il sent bon

les plaines et les coteaux se sont allongés sous mon corps

j’alunis caressant mille oiseaux aux particules de joie

 

mon ventre maintenant transmute en nid douillet 

le rire des petits becs palpite et m’apprivoise

bonjour cet autre monde

-c’est la première fois-

Jean-Christophe RIBEYRE

 

Fais tes premiers pas 

dans l’allée

que tu viens d’inventer,

tu ne sais pas encore où elle mène,

qu’importe,

elle est ce voyage

entre ton cœur 

et le monde à venir,

 

sème patiemment les étoiles

qui te guideront peut-être

dans la nuit noire,

le champ de blé sidéral,

 

grimpe dans l’arbre 

qui n’existe pas encore,

écarte doucement ses feuilles

sans les déchirer,

 

elles te murmurent déjà 

au creux de l’oreille

le chant secret

qui fera naître ton soleil. 

 

Richard ROGNET

 

L'arbre mort qui résiste 

depuis plusieurs années 

a gardé sa sidérale majesté.

Ses branches noires, 

quels que soient la saison, 

l'heure, le temps, 

se confondent avec nos os,

nos cicatrices, nos empreintes, 

comme si l'immobilité 

encastrée dans son tronc 

célébrait l'universel continuum.

 

L'arbre mort se dresse 

entre vie et mort, 

et l'on ne sait quelle est la mort, 

quelle est la vie.

James SACRÉ

 

Anticipation dans un continuum : programmer ,

(Et sans théorie)

Je sais pas quel monde humanoïde et dystopique !

Transmuter le passé en demain, pas facile :

Poussières, particules d’aujourd’hui

Pour un monde à venir :

Rêve bien trop sidéral, sans doute

Qu’on ne fera qu’alunir en rêveries chimériques.

Florence SAINT-ROCH

 

c’est pour quand déjà ?

 

on en a de bonnes

à dire à espérer à rêver 

 

anticipation souvent 

(toujours en vrai)

rime avec illusion

 

à la ville comme aux champs

chacun y va de son couplet 

sur les abris-bus 

dans les couloirs du métro

des prédictions crois-moi

des serments des promesses 

à la campagne guère mieux

du vent des salades du flan 

des guêpiers des mésangettes 

des miroirs aux alouettes

 

demain on rase gratis

tu la connais la rengaine

mille fois on l’a vu écrite

pourtant au Barber Shop

comme chez Martine

nulle part on l’applique

 

nous aussi on remet à plus tard

ne plus prendre l’avion

oublier les pesticides

limiter les déchets

abandonner le plastique

 

alors 

c’est pour quand déjà ?

pour aujourd’hui

ou pour demain ?

Isabelle SANCY

 

Laniakea

 

Nuit noire bouche bée

au moindre bruit 

frisson glacé 

monte à l’échine

main dans la main

baiser ta bouche 

affolement

exquis le ciel

immense où est-ce 

sans bord sans fin

regarde le vide 

est sidéral.

 

*

 

Infiniment petit

 

Il faut imaginer un grain – rouge ou bleu – 

dans un grand désert – noir ou crayeux – 

il ne peut pas être vu.

Il n’est ni perdu ni disparu

il est seulement tout petit,

minuscule dans un grand tout  

c’est une particule. 

Proton, neutron, électron 

voici quelques noms

de ces particules minuscules

qui font tenir le grand tout. 

 

*

 

La troisième loi de Newton 

 

Alunir est un rêve 

et une question,

des calculs 

et des lois : 

28 000 km/h sont nécessaires 

pour s’arracher à la gravité terrestre 

– c’est de Newton

la troisième et éternelle loi. 

À la première personne du pluriel

– hasard linguistique, quel émoi – 

alunissons sur une question :

ne sommes-nous pas mieux là ?

à rêver sur Terre à l’unisson.

*

Dystopique y es-tu ?

 

Promenons-nous dans les bois

Tant que ça n’est pas hors-la-loi

Si le dystopique y était

Il nous mangerait

Mais comme il n’y est pas [pas encore]

Il nous mangera pas [pas encore]

 

Dystopique y es-tu ?

                   M’entends-tu ? 

                   Que fais-tu ?

 

Promenons-nous dans les villes

Tant que c’est encore possible

Si le dystopique y était

Il nous mangerait

Mais comme il n’y est pas [pas encore]

Il nous mangera pas [pas encore]

 

Dystopique y es-tu ?

                   T’es tordu !

                   Je suis prévenu.e !

 

Pauline SAUVEUR

 

une particule de lumière

scintille

dans le bruissement doux

du lierre qui dévale

de la vieille station spatiale

abandonnée

le robot humanoïde

non programmé

rêve éveillé

 

*

 

en théorie

tout va bien

je respire 

tu souris

 

en théorie

tout est calme

tu ris

je rougis

en théorie

c'est facile

de dire bonjour 

"Bonjour !"

 

en théorie oui

 

mais aujourd’hui 

je réfléchis

je balbutie...

car je suis...

amoureux-se !

 

*

 

alunir sans bruit

dans la nuit sidérale

la poussière des étoiles

sur mes ailes de métal

belle et fragile 

la Terre me regarde et m'appelle jusqu'ici


 

Mathieu SIMONEAU

 

Qu’en est-il de l’amour

sous quel pli de roche

le trouver

lui qui se voile

se retire

comme l’eau se perd

dans le continuum

de nos rêves animaux

 

qu’en est-il de mon visage

qui se transmute

dans la configuration passagère des feuillages

qu’en est-il de cette flamme

sur la peau calcaire

des continents laissés à eux-mêmes

 

dans la lumière soudain vive

des villes sidérales traversées de nuit en taxi

on ne sait plus quelle tendresse

de voyage s’achève

 

 

Jean-Marc SOURDILLON

L’anticipation

 

Tu te souviens ?

Nous, station des Halles à Paris, c’était en janvier. Sur l’écran d’affichage des RER, le nôtre, celui que nous voulions prendre : départ dans deux minutes. 

Mais à quelle distance était le quai ? Combien de couloirs, d’escaliers, de tapis roulants entre lui et nous ?

Nous nous sommes regardés, pris par la main et nous avons couru.

 

On s’est dit : « ce serait trop bête de le rater »

 

Puis : « On n’aime pas trop courir pour rien ».

 

Main dans la main nous avons couru. Quelques voyageurs s’en souviennent, que nous avons bousculés au passage. Nous leur présentons nos excuses rétrospectives.

 

Nous avons débouché sur la grande plage éclairée du quai à l’instant où tous feux allumés le train arrivait en glissant sur ses rails. Nous avons sauté dedans.

 

Tous les deux sur ce quai, et cet autre quai aujourd’hui, et ce quai plus tard qui nous attend. Une même façon de guetter les brèches du temps en les anticipant. 

 

J’ai adoré ce moment.

 

J’ai senti que nous étions vrais, que c’était nous, cette façon de tenter, de nous élancer tout en sachant que c’était peut-être en vain.

 

Qu’importait l’issue pourvu que nous ayons essayé, que nous n’ayons pas laissé s’échapper une possibilité, que passant outre nos réticences, nous ayons cru, simplement cru, et fait confiance.

 

 

Maud THIRIA

 

partition amoureuse d’anticipation

 

mon amour je m’alunis en toi

au creux de ta voix émaillée

se particule tout l’univers

intercostal

de mes doigts à ma langue retrouvée

je poème en continuum

tu sternum tu calcium

nous émancipe un monde vide 

sidéral

nous transmute l’infini de nos formes 

viscéral

au creux de ta voix éraillée

se particule tout l’univers

abdominal

en toi je m’alunis mon amour

 

Milène TOURNIER

 

théorie poétique de l'IA

 

Les nouvelles images IA, le même frisson que le face à face avec une chouette

j’essaie de comprendre que, avec l’IA, l’image n’existe pas avant d’exister

par rapport donc, mettons à un montage

et qu’on a peut-être la même peur que les gens avant en face du train, 

du film du train

de prendre pour vrai ce qui ne l’est pas

ou prendre pour photo ce qui ne l’est pas

et discerner le prompt derrière l’image

“Homme avec ombre et souvenir d’ours”

“des aujourd’huis effondrés, soir de bar, ardoises impossibles”

“temps qui passe comme neige tombe, sensation des lessives”

et si l’IA parfois aura ses bugs, d’un doigt en plus dans une main

comme un homme coincé derrière une vitre

promptes nos prières,

marcher

 

Lien vers le VIDÉO-POÈME de l’artiste.

Sophie Marie VAN DER PAS

 

Longtemps j'ai été 
fleuve
au milieu du ruisseau
au filet de la soif
j'ai choisi
la gorgée la plus fraîche

 

Sur mes lèvres
je ne crains plus l'absence
une goutte a suffi

particule ronde
la bouche s'abandonne
à savourer le peu

Ce que je tiens dans ma main
l'eau 
inépuisable
l'eau comme l'autre
coule
La clarté sidérale
illumine la perle
de l'aube.

 

Laurence VIELLE

Il faut revivre avec le soleil

 

il faut revivre avec le soleil

le décalage horaire 

ça veut rien dire pour les oiseaux

pour les aigrettes ça veut rien dire

pour l’eau pour l’arbre ça veut rien dire

les abeilles ne butinent pas

plus tôt plus tard qu’avant

il faut vivre avec le soleil

se lever avec lui 

se coucher avec lui

ce serait ça l’idée

allez allez

l’idéal de l’idéal

vivre avec le soleil

le saluer chaque matin

depuis la canopée

le saluer chaque soir

et puis fermer les yeux

avec le vivant diurne

ou les ouvrir

avec le vivant nocturne

ce serait ça l’idée

allez allez

l’idéal de l’idéal

le parfait du parfait

qu’t’atteins jamais

et fî du décalage horaire

vivre solaire

avec le soleil

Annie WALLOIS

 

l'humain peu à peu le cède  

à ses clones programmés

 

quand sous les ponts aériens de nos pas

à la surface du globe  

 

des mains invisibles s'affairent

engrainent aveuglément

les sillons anciens

 

sèment les mots qui voyagent 

avec la Terre

pour ressaisir 

les rêves assoupis 

dans nos angles morts

 

les mots qui espèrent

du monde à venir

la chair sauve

 

Mary-Laure ZOSS

terrestres

 

ne reste plus grand-chose – fouillis des talus,

chiendent brûlé à l’acide,

une traversée à folle allure ;

au long du ballast, les plantes rudérales,

les panicules du laiteron maraîcher ;

 

plus grand-chose des parcelles vivrières,

de la terre battue où

tombent un à un

les mots

dans les cuisines ;

 

face au spectre d’un néant sidéral

réinscrire en soi

les graphies de la vieille planète ;

épeler la giration des choucas dévalisant

aubépine ou sorbier,

les flamboiements d’octobre

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​​© Sophie Loizeau

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© 2026 AEFE - François COUDRAY, Christelle DLUGOSZ DONNEN & Stéphanie LEMAITRE - Enseignants formateurs de lettres - zones AMLASUD et ZESE

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