
POÉCLIC 2026 - Pour demain...



POÉCLIC 2026...
des "poèmes offerts"
pour demain


Quatre-vingt poètes, sensibles à l’esprit de notre opération et enthousiasmés par le travail réalisé avec nos élèves, ont, pour la quatrième fois, répondu à notre appel et écrit, spécialement pour eux entre un et dix poèmes respectant l'habituelle contrainte de notre opération : intégrer, dans le texte, au moins l’un des dix mots « pour la planète » :
alunir, anticipation, continuum, dystopique, humanoïde,
particule, programmer, théorie, transmuter, sidéral
Tous les poèmes offerts sont des inédits écrits spécialement pour les élèves des lycées français d'Amérique latine rythme sud et d'Europe du Sud-Est.
Un magnifique cadeau et un corpus inédit pour découvrir la richesse de la poésie francophone d’aujourd’hui.
Découvrez ci-dessous l'anthologie
POUR DEMAIN
pour un monde à venir - entre villes et campagnes
80 POÈTES PAR-DELÀ OCÉANS ET CONTINENTS
et très prochainement, sur cette même page, les lectures expressives et commentaires
proposés par nos élèves pour chacun de ces poèmes.
Vous pouvez également télécharger l'anthologie au format PDF : CLIC CLIC...



Cécile A. HOLDBAN
Une ancienne théorie
l'empereur était nu la sorcière était neige
le désert changeait en eau ses particules
le vent tissait les contes la lune tournait son bol
l’aurore alunissait en robe sidérale
le sol s'ouvrait la nuit aux racines du soleil
l'oiseau et les étoiles soufflaient la même langue
les feuillages transmutés chantaient un poème noir
quand nous étions un arbre
Joëlle ABED
le professeur de physique était bègue
en classe il arrivait très bien à se maîtriser
sauf pour le mot particule
or le professeur de physique bègue
aimait beaucoup les choses minuscules
aussi
se fit-il broder sur chaque vêtement
à l’emplacement du cœur
le mot particule
qu’il soulignait doucement avec l’index
chaque fois qu’il brûlait de le prononcer
je ne sais si ses élèves excellèrent en physique
mais ce dont je suis sûre
c’est qu’ils apprirent
que derrière chaque particule
un cœur bat
Marie ALLOY
Exodes Exils
Dans un invisible lieu
la nuit rapporte des scories
plus vieilles que ce monde
Nous sommes à la croisée des temps
Quelques points morts
tournent autour de la terre
̶ des particules célestes nous traversent
À l’heure où l’esprit se programme
nous voudrions pouvoir encore alunir
et savoir comment préserver
notre continuum vivant
Dans l’espace sidéral passent des ombres
de vies qui ont perdu leur nom
De la perte et de l’attente nous savons la blessure
plus lointaine que nous
Ce qui nous trahit est-ce le monde
ou nous-même qui n’avons pas su
nous souvenir de nous ?
Ce jour est obscur Nos montres déboussolées
La vie remonte des limbes d’un étrange exil
Il n’y a pas de clef pour l’anticipation
Il n’y a que la terre qui tourne
dans un perpétuel présent
Jacques ANCET
CONTINUUM
On quitte ce qu’on ne quitte pas.
On voit la pluie, les trottoirs, la fuite
des silhouettes égarées dans le froid,
le jour avec la nuit, on les quitte,
on y est bientôt, redit tout bas
la voix, et va savoir ce qu’on quitte
quand on ne sait pas ce qui est là,
puisque ce qui est là s’enfuit vite,
qu’il ne reste que ce qui s’en va.
Adeline BALDACCHINO
De l’autre côté de l’écran
Et qu’il soit plus vivant plus doux plus fort ou
qu’il soit d’une lenteur exquise esquissée à pas de loup
sauvage, qu’il soit fait de stupeur et d’espérance ou
d’aubes à l’envers jaunies par le spectre des lumières
renversées sur le glacis d’océans gelés
qu’il soit d’une beauté plus épuisante que ne peut l’être
la fatigue et que ta mélancolie le tourne
ou le retourne entre tes doigts qui savent déjà
la puissance du sel quand il naît des larmes et qu’il soit
si dur à sauver qu’on ne sache plus comment
qu’il soit enfoncé quelque part dans la matière molle et mûre
de tes rêves ou qu’il ait ce goût de bonbon d’halloween
la grimace des masques et l’éclat de rire
des spectres, qu’il soit fait de l’étoffe de tes songes ou
de cauchemars invisibles et des mots que tu ne trouves pas
qu’il soit fait pour toi ou que tu ne te sentes pas fait pour lui
que tu aies peur et que tu aies froid dans le même temps
justement, que celui où tu veux tout embrasser tout
savoir et tout apprendre et tout réinventer, mais à quoi bon
te dis-tu parfois quand tu lèves les yeux
de ton écran
puisque tout est là, tout le savoir toutes les théories
toutes les particules humanoïdes rassemblées
tous les mondes possibles et leurs dystopies
puisque rien ne paraît pouvoir lui échapper
sauf ?
qui sait : toi..
tu retournes alors l’écran contre la terre qui le souille
et le le foules aux pieds tu sautes à pieds joints sur la machine
(que tu retrouveras plus tard, ne t’inquiète pas)
mais en attendant : tu t’en vas, riant, criant, courant
de cascade en cavalcade et plein d’amour fou furieux
pour lui, le monde
juste là
de l’autre côté
de ton écran :
le monde
qui t’attend.
Olivier BARBARANT
LETTRE À DEMAIN
Le temps fut venu de poursuivre
plutôt qu’à tenter s’inventer
l’étrange confort de vieillir
enveloppa sans qu’on y pense
de sa laine notre durée
Nous aurons vu l’ère nouvelle
dans nos machines s’esquissant
par la magie des programmeurs
les ordinateurs réduisirent
sur nos bureaux leurs taille et poids
les cabines disparaissaient
à l’angle des rues sur les places
nos voix naissant entre nos paumes
dans des amandes de fer blanc
Dans l’Oural livré aux mafieux
Boris Ryji se suicida
près d’un mois après la naissance
de notre aîné au nom de tsar
Ce garçon eut pour millésime
non pas L’Odyssée de l’espace
ni la rêverie sidérale
qu’avaient rêvée de grands écrans
mais au seuil de l’ère nouvelle
deux tours effondrées en gros plan
sous les coups d’un avion dément
Mes enfants de l’orée d’un siècle
beaux glaïeuls dont je crains la fauche
par une histoire désaxée
et notre terre que l’on tue
vous y poserez vos mains blanches
comprenant ce qu’auront tenté
vos parents sans y parvenir
Dans une crique de lumière
la page brille comme un sable
j’y dépose d’un sang de mûre
avec des vœux emplis de crainte
ma stèle pour un millénaire :
VIENNENT ENFIN LES TEMPS DE VOUS.
Alexis BARDINI
Notre maison est dans les livres
Dans chaque lieu où les forêts n’ont pas de nom
Partout où les fruits nous ouvrent leurs paumes
Au coeur battant d’un ciel
Son anticipation
Là où l’étoile est claire
Jusque dans ses aveux
C’est ici qu’il faut vivre
Pour demain dans les pierres
Qui bordent les chemins
Ou pavent nos ruelles
Déposer le silence de nos joies tranquilles
Samantha BARENDSON
Sur les écrans, des films d’anticipation
Ici, un week-end à la mer
Sur les écrans, la théorie du complot
Ici, le sourire d’un inconnu dans la rue
Sur les écrans, des lignes de code pour programmer nos existences
Ici, un barbecue entre amis
Sur les écrans, un espace sidéral de gens sidérés
Ici, un horizon d’arbres et de tournesols
Sur les écrans, des selfies humanoïdes
Ici, toi, moi et nos rides
Sur les écrans, un continuum de l’absurde
Ici, des enfants qui sautent dans les flaques
Sur les écrans, les nouveaux oligarques rêvent d’alunir
Ici, il faudra penser à changer la roue du vélo
Sur les écrans, les particules forment des images indéchiffrables
Ici, une séance de cinéma et un cornet au chocolat
Sur les écrans, un futur dystopique comme une dictature
Ici, la liberté de dire, de faire et de recommencer
Sur les écrans, la fiction transmute vers le réel
Ici, un réel à réinventer
Linda Maria BAROS
Roman dystopique
Soudain, tu oublies tout : les rues infestées par les méduses
brumeuses des hôtels, le continuum des toits qui
disaient jadis du mal de toi,
les ponts noués autour de ton cou.
La ville élastique, vivante et morte à la fois, gèle sur les bords,
comme un lac gigantesque.
Ses légendes métropolitaines, ses déjections.
Tu souris – seul entre tes quatre murs blancs :
tu t’arraches les tubes, les drains, tout.
La nageuse t’attend, elle flotte, seule,
par-dessus les quais de la gare.
Tu sens, pour un instant, la chair se détacher
de tes os – doucement, comme un merle –
et blanchir, dans l’électrolyse de la nuit,
aussi sombre qu’un brouillard qui descend sur le tard,
les toits de la ville, les campagnes entrevues
dans le lointain, l’horizon.
Jean-Marc BARRIER
Dans l’état des lieux de nos souffles
entrelace l’incertain et le nécessaire
noue l’aventureuse dystopie
de ton corps radical
dans l’inspir
fore le continuum de tous tes devenirs
les mains ouvertes en avant de toi-même
suis la ligne claire de ton cœur
la lumière s’est glissée dans ton jour
une chanson un sourire un trait d’archet
la rondeur sidérale d’une orange
et vois comme renaît le délice de tes soifs
alors soulève la nuit et les choses
porte l’enfant évanoui les oublis les exils
transmute la fenêtre inattendue
lis écris et deviens le fruit de tous les éveils
Stéphane BATAILLON
LIMITES
Alunir de nouveau
et conquérir sans fin
mais toujours sans pouvoir
nous dominer à terre.
*
MYTHIQUE
Revenir à la source
à cette particule
d’une Big Bang Theory
avant Open AI
quand les humanoïdes
restaient dans leurs récits
des villes de métal
que l’on pouvait sentir
le vent et le soleil
et le blé qui dorait
la nostalgie d’un monde
par anticipation.
*
DÉCOUVERTE
S’échapper du chaos
du goût du sang
du fer
et retrouver de l’air
juste un peu de lumière
sur ce chemin de terre
hors dystopie frontale
C’est ça
peut-être
l’utopie.
Albertine BENEDETTO
Ce qui est à venir
ce qui est à rêver
le pas encore advenu
ce qui est en germe
ce qui en théorie
est contenu dans le continuum
de tous les possibles tous les possibles
ce qui est programmé
sans anticipation
– le chaos/l’effondrement/la cata
strophe STOP virer de bord
loin des pénuries dystopiques
on n’est pas des humanoïdes
amas de particules
bons à transmuter sidérés
sur l’ordre du premier tyran musqué
dans la clarté sidérale
on alunit avec l’ami Pierrot
on prend sa plume
pour écrire un mot
vraiment
humain
Marilyne BERTONCINI
PRIÈRE A MON ENFANT POUR SON MONDE À VENIR
On ne peut pas toucher le temps qui passe et nous entraîne
pas plus qu’on ne peut toucher la lune
du bout du doigt
Mais si je pouvais programmer le monde de demain
il aurait la couleur des étoiles au fond de tes yeux
Il brillerait de tant de feux qu’il réchaufferait toutes les âmes
et les corps las des travailleurs
Il serait vert comme la nature et sourirait à ta fenêtre
et les branches des arbres caresseraient les toits des villes
et les oiseaux te parleraient
du temps que tu n’as pas connu
ce temps passé où j’ai vécu en espérant que ton demain
soit tissé de douce soie et d’or, de particules de bonheur
que je t’adresse avec ces mots.
Camille BLOOMFIELD
Jenyfer de la 5G
Mon téléphone prend des allures
de plus en plus humanoïdes.
Tout a commencé par un nom.
Un petit nom
à particule :
« Jenyfer de la 5G », qu’il s’appelle
c’est son wifi qui me l’a dit
chic, non ?
puis, sa coque elle-même s’est transmutée
d’un élégant « noir sidéral »
en un mince sticker miroir
de ma beauté astrale
(pratique pour se maquiller)
aujourd’hui
mieux que personne il m’écoute
il me regarde mieux que personne
il reconnaît mon visage
s’ouvre à ma caresse digitale
s’épanouit quand je lui parle :
un geste tendre et le vlà qui s’déverrouille !
Bientôt il saura exécuter
courbettes et salamalecs
danses de claquettes à la demande
me proposera une collec’ de mecs
ou de filles un peu BG
triées sur le volet
pour « Jenyfer de la 5G »
Et quand il sera grand
il épousera mes écouteurs
ensemble ils auront des bébés-téléphones
dans leur tiny-house ultra-connectée
et en guise de métier il fera
- pourquoi pas -
alunir les TGV
Un continuum········de moi········à lui
········de lui········à moi
tout à moi il est
tout comme moi il est
pro
gram
mé
Est-ce un réel très théorique
ou une théorie bien réelle ?
Anticipation utopique
ou vision dystopique ?
Honnêtement, je ne sais pas.
Sans doute les deux, tout à la fois.
Clément BOLLENOT
Si on pouvait
envoyer une lettre à l’à venir,
on pourrait programmer les mots
antidote au continuum dystopique
en cours de téléchargement
Si on pouvait
envoyer une lettre à l’à venir,
on pourrait par anticipation
conseiller de débrancher les robots humanoïdes
pour ne faire confiance
qu’aux particules transmutées par l’amour
Si on pouvait
envoyer une lettre à l’à venir
on pourrait alunir nos espoirs
à l’attraction sidérale
puisque tout est possible
en théorie
Yves-Jacques BOUIN
L’espoir
C’est l’anticipation
Du bonheur
*
Réalités dystopiques
Rêves utopiques
De l’imaginaire voici les Topiques
*
Des larmes à la joie
Dans le continuum des émotions
Parfois je pleure de rire
*
Programmer c’est déjà
Vivre au présent
Ce que demain nous offrira peut-être
Julien BUCCI
Germinal
je suis parti de zéro
une cellule
puis deux
cinq
dix
chacune se scindait
et se multipliait
je n'ai pas cru
(j'étais perplexe)
qu'une infime particule de vie
qu'un ovule
un O.V.N.I.
puisse faire lever
un être minuscule
tout un corps à venir
partant, j'ai crû
(de façon circonflexe)
un peu de moi
un pain de mie
poussait sans cesse
prêt à marcher
à choisir
à tenter
pour finir par écrire
ces mots même que tu lis
et qui poursuivent sans arrêt
leur élan
leur poussée
Valérie CANAT DE CHIZY
le chemin de mon cœur
passe par une montée pavée
c'est toujours une anticipation
de retrouver la nature
une manière de revenir
au pays de l'enfance
teinté de particules bleues
suivre l'envol de l'oiseau
percevoir le son
de ses battements d'ailes
il suffit d'imaginer
chacune de ses plumes
vibrer au contact de l'air
transmuter le mur du silence
en doux froufrou alors
l'espace alentour devient sidéral
Gérard CARTIER
Lucrèce
Choses minimes qui font penser
débris de bois chiures de mouche pollens
particules impondérables des philosophes
qui dansent dans les rayons des jalousies
se cherchant se fuyant en aveugle ainsi
qu’au fond de la nuit sidérale étoiles
et galaxies cendre bise des vieux livres
qui enseignent les morts dans l’ombre des cloîtres
et toute cette farine du vivant
poissons d’argent cirons animalcules
vibrions porteurs de vie et de mort
qui nagent dans un ciel inversé parmi
les atomes impalpables de l’archée
et du phlogistique vertige tout s’efface
poussière poussière poussière arrachée
à l’immense corps de la nature et sans cesse
en instance de la recommencer
qu’une goutte d’eau et un photon suffisent
à faire gonfler par à-coups à la taille
de l’univers…
(À Jean-Pierre Chambon)
Judith CHAVANNE
Le très léger égouttement après la pluie,
porte ouverte dans la nuit,
un tintement sourd aux contours nets
comme une phrase prononcée lettre à lettre.
Quelque chose – suspens du doute –
ne cesse,
toujours s’extrait de l’absence et de l’ombre
comme un secret qu’on distille.
Quelque chose ténue — simple particule,
mais une perle pour l’ouïe.
Pascal COMMÈRE
Converser avec le rougequeue
Une heure passée en vain à chercher un livre
introuvable parmi les piles les entassements, j’ouvre
la fenêtre, un rougequeue au pied du rosier s’affaire,
s’interrompt, me fixant de sa prunelle, pas plus que moi
il ne sait de quoi demain sera fait, cependant
que je le presse de questions, usant
de vocables qui ne l’aident en rien à clarifier sa pensée
comme si, locataire du ciel, il n’avait souci
de ce qui règle la vie sur terre et plus particulièrement
pour ce qui concerne les temps à venir, alors que dans l’ombre
d’une cabane en tôle, là-bas, un vieux se remémore le temps où jeune résistant
il arpentait de nuit les chemins à couvert, évitant
les gardes-frontières et leurs chiens, et combien ce temps
a passé, a changé du tout au tout, maintenant que des drones
épient le moindre mouvement suspect, n’ignorant
rien des vagabondages d’une abeille en proie
aux harcèlements des frelons, ni des déplacements
intramuros de la taupe au jardin où un enfant
assis dans l’herbe à deux pas et qui n’est là que le temps d’une vacance
s’émerveille d’une profusion de groseilles, si rouges, étonné
par ailleurs de ce qu’un jardin de ville offre de couleurs, les fleurs
des pissenlits cette année encore parsemant
à perte de vue les abords, sans que quiconque ici ne les remarque, soleils
de quat’ sous dont on peine à mesurer
ce qu’une joie sans artifice leur doit, de celles
qui nous traversent, nous empoignent, sans forfanterie
comme lorsque l’eau, après avoir manqué, retrouve d’elle-même
l’itinéraire de la source, le ruisseau de nouveau habité
d’un bruissement permanent dont l’enfant, plus tard,
gardera un souvenir ému, tel un droit de vivre inaliénable
face aux dérèglements prévisibles : pandémies, canicules, tsunamis et autres
catastrophes, avec pour unique compagnie – c’est mon cas aujourd’hui –
les trilles d’un rougequeue, envolé à l’instant, refusant
semble-t-il la vision d’un monde dystopique dont on espère
malgré tout qu’il restera habitable – et pour longtemps encore.
Guillaume CONDELLO
Bricolant bouts de mots en fagots de hasard
comme au creux du cactus le néotome
se terre ajoutant au sol son odeur
puisque tout n’est rien qu’effet de langage
à savoir la ride étonnée où tremble tout
l’innommable non néant mais muet donc nul,
qui de nos prédateurs déchus reste le seul
contre quoi faire un nid recyclant des idées
puisque l’espèce le veut et la vie
(le corps secrétant pour le corps de quoi
garder le corps secret – en théories :
ce n’est encore ici que l’effet du langage)
d’où voir, griffant le ciel, les épines muettes
couvrant le sol interminable.
François COUDRAY
et quoi mes mots pour
sauver le monde ?
notre chant le plus pur
parviendra-t-il jamais à
rendre corps
aux oiseaux disparus ?
à moins que votre chair
ne s’en laisse traverser
ne leur redonne souffle
qu’avec vous le poème
se lève
pour écouter la terre
tu rejoins la blessure
du bosquet silencieux
dans le texte des branches de
la lumière
contre le sol
humus
feuilles mortes
de si loin profondeurs
abyssales
tu habites le tremblement
laisses croître le pouls
poussière
particules
part
de tout ça qui s’efface
et quoi nos mots pour
respirer ensemble ?
si l’étreinte du chant
le plus ténu
bancal maladroit
ne pouvait que cela
je t’écrirais encore
David DIELEN
LES OISEAUX TOMBENT
les oiseaux volent maintenant comme des particules élémentaires
prises dans le continuum de l’horizon
visitant tout du monde
la ville qui les noircissent
les champs gonflés de poisons rugueux comme du chanvre
loin du temps sidéral
les oiseaux tombent
ils tombent dans un espace sans bruit dont les cratères creusent un peu plus
la mort
ils alunissent
on hallucine
les oiseaux tombent
ils tombent
ce ne sont plus que des gouttes acides qui brûlent
le bitume des rues
les silex du chemin
flac clac
flac clac
flac clac
clac
clac
Guillaume DREIDEMIE
Continuum du rêve
Hier n’est pas que dans le souvenir,
Il est là, dans la fraîcheur des fruits,
Dans tes mains qui forcent la grille,
Le jardin pourrait apparaître.
Il n’y a plus de roses, détache des branches
les feuilles mortes. La chair empiète
sur le matin des pierres.
Il n’y a pas besoin de prier
Pour que les roses vivent ou meurent,
Prions.
Chantal DUPUY-DUNIER
Les mots ivres
Et si le poème n’était pas le lieu de l’utopie,
mais une contrée dystopique
où s’exposer au pouvoir des mots,
où hasarder tout son être,
où s’aventurer dans un espace sidéral inconnu.
Ah ! S’étourdir jusqu’à la débauche de « bleuités,
délires et rythmes lents sous les rutilements du jour » *
au risque délicieux de se perdre…
*Arthur Rimbaud, “Le bateau ivre”
Sylvie DURBEC
la la la lune / la la la terre
en attendant la la la pluie
chanson
Alunir alunir/ pourquoi faire danser dans le vent sec
tel un papillon dans un cinéma sidéral un fennec
la lune entre les dents ?
babille la chenille.
Se rêver en frêle particule
en pratique bien difficile
quand on a besoin d’eau
en théorie c’est ridicule
se croire délivrée du fléau,
déchante l’éléphanteau !
Alunir /drôle de verbe pour celle qui se tient
dans son lit d’herbes attendant presque rien
pour s’envoler plus haut là où il fait chaud :
ça sera un vrai festival ! se régale la cigale.
(Alunir alunir je préfère dormir
soupire d’ennui le tapir
assoupi sur son tapis.)
La lune est en bas La terre est sans eau
Le ciel est en haut le soleil en trop
Myriam ECK
Cette particule a traversé la mer
Sentir la poussée de présence dans le corps qu’elle ouvre à son passage
Une fois prise dans la matière du corps la particule se met à respirer
Étienne FAURE
Par anticipation des visites étoilées
j’ai laissé la fenêtre ouverte la nuit
un trait d’astre alunit vers minuit
bascule sous la chape sidérale.
Demain est un autre rêve.
Odile FIX
quelque part
nos ombres souterraines sommeillent encore
les rocs émettent d’infimes sonorités minérales
nous sommes parti(e)s depuis longtemps
les sentiers sont effacés
l’oiseau sidéral comme l’esprit
traverse le feu des étoiles
nous nous souvenons des regards fluorescents des animaux
– nous les nuits pâtures de l’absence –
Jean-Marc FLAHAUT
ISSUE DE SECOURS
pluie noire
rayons de soleil violets
la ville est verte
circulaire frugale mutable
sidérale intelligente multimodale
le continuum espace temps est
complètement différent ici
c’est régénératif
bornes interactives
points de vente connectés
technologie personnalisée
expérience d’achat cohérente homogène
pour clients pressés refusant
toute friction ou contact physique
les gens s’endorment dans leur voiture autonome
comme dans un futur dystopique
humanoïdes heureux en théorie
quelle échappatoire pour toi
pour moi
au milieu de tout
ce cirque ?
Gaëlle FONLUPT
l’homme marche entre deux bruits
de terre brune et de trottoirs acides
la ville a voulu programmer la lumière,
l’heure, le geste,
l’aire des zones humides et la pente des toits
rien ne tient tout à fait :
le néon tremble comme un pardon sans voix
la langue s’efface et les mains brûlent
un ciel sans théorie
la patience des herbes
les pétales desséchés d’une autre vie
l’homme a cru
transmuter l’orage en promesse de grange
mais revient la nuit creuser des douves
alunir son ombre en particules
au pied d’une fougère pâle
le continuum des cloches
anticipe son visage
posé sidéral
entre deux battements
se défait
la légende qui le tient
sur le front de l’enfant
Romain FUSTIER
notre maison fantomatique dans la brume – elles sont revenues d’en ville parmi les brouillards, ont retrouvé notre rue sous des monceaux de vapeur, des tas d’eau en brouillade, en masse gazeuse dans l’atmosphère – cette apparition d’où nous habitons à travers le flou ; cet éclat voilé des luminaires du rez-de-chaussée depuis le trottoir comme perçant un tissu ; ces fines gouttelettes qui paraissent vapoter : l’air fume ses particules ténues
Anne GAUTHEY
Dans ce message, je cherche les particules programmées sous haute tension.
Je regarde, reflet humanoïde.
Je pense à toi, réflexe humanité.
Et j'espère, rêve en théorie.
Dans mes poches, des poussières sidérales, des rires, des drames.
Alors je stagne dans un charme continuum, dans une myopie dystopique.
Je crois apercevoir mes pas dans les tiens qui alunissent.
J'hallucine ! J'atterris encore avec anticipation.
J'ose transmuter mon souffle vers les autres.
Je me réveille.
Je revis
Laure GAUTHIER
Théorie du lieu-dit
le petit village a mangé son nom,
jusqu’à l’os
des cartes et de la voirie,
l’a mangé jusqu’au puits, jusqu’au mien
un village trop petit pour un nom,
nous n’avions pas d’adjectifs
il fallait grandir dans un non-nom
de lieu sans en faire état
ni un fromage
on trouve toujours un nom à ramasser
en se baissant dans le fossé
des souvenirs on trouve toujours
des surnoms estampillés
sur nos gestes d’enfants qui restent
des masques à vie
qu’on ne veut jamais démaquiller,
le visage dessous demeure hébété,
on trouve toujours des prénoms effacés sur
le visage des enfants redonnés
qui cheminent avec leurs étiquettes recollées,
l’état civil s’arrange avec les trous
de la voirie et des vauriens
on trouve toujours à nommer
tant bien que mal
à tout prix
j’ai grandi avec une gêne à l’endroit du nom
propre sans trop savoir,
un point de côté dans la marche,
la gêne est un nom d’enfant pour plusieurs buissons
obscurs, j’ai habité un petit village sans nom,
un hameau opaque,
qui m’allait bien
un lieu-dit avec des gênes dedans
et des sans gènes, peu de monde mais des maisons
de pierre, les logettes, des petites loges
et nous à l’intérieur,
mes parents et mon frère
disparu depuis, vivant, dans un trou
à retardement,
disparu dans la faille sans nom,
qui le retient la tête au-dedans,
là où c’est mou, sous l’étiquette,
il doit être un t-shirt blanc,
à présent, sans motif,
un non-lieu non-dit,
le hameau, il ne le connaît plus,
il est sous ses organes,
dans la mémoire, ce lieu-dit
tu, un lieu de faible étendue
à qui on a associé un nom,
deux peut-être même,
lui et moi en somme
Les poèmes sont présentés par ordre alphabétique des noms de leurs autrices et auteurs.
Pour plus d'informations sur ces poètes, rendez-vous sur la page dédiée en cliquant sur la feuille bleue.
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Albane GELLÉ
Combien d'ici et de là-bas, dis-moi
nous ne tournons plus très rond
nos particules se fracassent
et nos fréquences sont brouillées
il faudrait abandonner
nos cartons de théories
sur un bord de route
et se remettre à toucher terre
et se remettre à toucher ciel
Élisabeth GRANJON
Loin, très loin.
La pollution dessine un brouillard
De tristesse sur le monde.
Il est l’heure de déplier nos songes
Enfiler nos ailes de coton.
Des galaxies plein les veines,
Nous alunissons en douceur
Sur la rondeur bleue
D’une planète amie.
Un ange chevauche un nuage,
Murmure une réponse
À une question
Qui n’existe pas encore.
Nous lui racontons le vent salé
Et les particules océaniques
De notre petite terre
Que nous quittons seulement
Dans nos rêves d’astronautes.
Luce GUILBAUD
Certains peignent les formes de l’heure à venir
d’autres inventent les villes nouvelles
les courbes du paysage de demain
ils gravent aussi les théories de plus clairs matins.
Et le poète quand il rêve cherche
entre les mots les voix de ceux qui naîtront
il sait déjà que l’amour tremblera toujours
et que la nuit n’effacera pas ses étoiles.
*
Les bouches de volcan sont des oracles
qu’il faut interroger malgré l’incandescence
dans la fusion la confusion des fumées
on entend les voix du ventre de la terre
jeter d’effrayantes prophéties
mais les silences entre les fureurs
parlent d’herbes nouvelles
d’oiseaux chanteurs de migrations joyeuses
même de jachères fleuries de rivières dolentes
de la bouche des volcans s’échappent
des particules de cendres fertiles
qui se posent sur la terre en douleur
d’où naîtront d’heureux soupirs.
*
Ce sera un monde en jeux et en joie
des fleurs à tous les balcons
des passants se saluant en souriant
on n’y croit pas !
Ce sera un monde sans frontières
sans prisons et sans guerres
un monde accueillant à tous les errants
on n’y croit pas !
Un monde de mers calmes
de lumières sidérales d’îles idéales
et de nuits pleines d’étoiles
on n’y croit pas !
Un monde d’hommes libres et tranquilles
d’animaux réconciliés
de paix programmée
on n’y croit pas !
Et pourquoi pas !!!!
Valérie HARKNESS
D’ABORD LES FORMES.
Lignes d’arêtes des toits,
Et celles des reliefs
—
Toutes les lignes de tous les horizons,
Rendues par l’artiste d’un trait.
Les chemins qui contournent les blocs,
Les maisons qui se dressent,
Les cadres des fenêtres
Où se tournent des films.
Tableaux, peintures,
Comme des avions à l’heure du départ,
Hésitations fébriles
Face au seul horizon.
Plus haut, les gratte-ciel
Aux sommets enneigés,
L’été,
Se pâment.
Ce sont des étoiles lointaines,
Dans le temps sidéral,
Leurs poussières
— nos formes.
Après, les trajectoires.
Les lignes traversantes.
Le chocolat carré
Voyage
Par des molécules de temps,
En fondant et se refondant.
Au goûter,
La nappe de la cuisine d’il y a bien des ans
Reprend de la couleur.
Jouer encore.
Plus loin,
Les brins d’herbe,
Leurs lames acérées
Capturent l’aube larmoyante.
Sur les chemins à suivre,
Les trottoirs mal finis
Et dont on dégringole.
Marie HUOT
Sidéral mystère
Quand la grande énigme des oiseaux migrateurs
Croise nos questions d’avenir
Nous nous sentons soulevés de terre
Et prêts à partir vers les quartiers libres du ciel
Là où les meneurs d’orages
Et les hirondelles de pluie
Dansent devant les nuages
Confiants du jour qui vient
Quand la grande énigme des oiseaux migrateurs
Croise nos questions d’avenir
Nous nous tenons au bord
D’un sidéral mystère
Sabine HUYNH
Alunir
Alunir, qu’est-ce ça veut dire ?
Ça veut dire à lundi,
au jour de la lune,
pour un continuum de cours,
maths et physique,
histoire-géo et anglais...
Souvent on me dit d’atterrir,
descends de la lune,
alors qu’en vrai j’ai amerri.
Pas mardi, qui n’est pas le jour
de la mer, mais le jour dystopique
des bagarres et de la guerre,
ni mercredi, jour du dieu
des voleurs qui me chipent
mon quatre heures.
Jeudi on me demande si ça va,
je dis comme un lundi
sans soleil, par Jupiter !
Vendredi j’amerris, jour de poésie,
et samedi je me réveille, jour du repos,
et dimanche, ah dimanche, jour du grand
repas dominical : le poulet rôti
sidéral et ses cratères lunaires
où ma langue rose se pose.
Ludivine JOINNOT
tanguer n’est pas chavirer*, disons-nous
entre deux roulis de vagues qui nous dévi(d)ent
infimes en nos matières
nous unissons nos forces
quelque chose en nous se délie
qui tient du verbe
d’une volonté probable
d’un abandon
nous défaisons patients ce qui se fait
avec l’obstination des enragés
nous sommes de fines particules
arrachées au silence
nos corps s’ébrouent se délestent
c’est en nos mains réparées
que s’insinue un futur sidéral
* proverbe sénégalais
*
à quoi rêves-tu
ton nez vers le ciel semble s’échapper
tes pensées s’envolent de traviole
sans raison, des sourires se dessinent sur tes lèvres
« cesse donc de rêver », disent les grands
« tu as toujours la tête dans les nuages ! »
soudain, tu alunis
comme venu d’un autre pays
tu marches dans la ville
les gens se pressent sans te voir
les voitures s’embouchonnent
les oiseaux tourbillonnent
les klaxons klaxonnent
rêveur, tu portes en toi la promesse d’une galaxie
Christophe JUBIEN
WU WEI OU LE CONTINUUM
Si tu souris au vent
qui souffle dans les branches
la chance t'apportera peut-être
comme au moine Ryokan
« assez de feuilles mortes
pour allumer un feu »
NOTES :
Wu Wei est dans le taoïsme, le fait de suivre le flux naturel des choses et l'ordre cosmique originaire, sans le perturber ni tenter de le modifier. C'est agir en conformité avec le mouvement de la nature et de la voie ( Tao ) .
La citation finale est une référence au haïku du moine zen et poète japonais Ryokan : “Pour allumer un feu / le vent m'apporte assez / de feuilles mortes.” Ce haïku est une parfaite illustration d'une vie conforme au cours naturel des choses.
Claire LAJUS
Je me demande
je me demande si je ne devrais pas cultiver de la glace, planter des arbres où rien ne pousse
encourager les insectes invisibles à se transmuter
je me demande ce que raconte la petite chauve-souris du crépuscule avec son vol qui bégaie
au-dessus des immeubles
je me demande si je ne devrais pas faire le tour du monde malgré les endroits interdits, ceux
disparus, ceux à la dérive
je me demande si je ne dérive pas moi aussi et vous avec
sur le continuum des agendas serais-je bout de banquise, serais-je en train de fondre je me le
demande, je perds pieds ça ! et je ne suis pas la seule
de nos jours dystopiques mieux vaut avoir le pied marin
je me demande si je ne devrais pas acheter un bateau, apprendre à naviguer
peut-être alors ma vie tanguerait moins
(et la paix repêchée et le monde réparé)
je me demande s’il est bien raisonnable de savoir tout ce qui se passe sur Terre chaque jour
j’ai le vertige.
Cédric LE PENVEN
Être au présent
Poser quelques mots sur la page
en se disant qu’ils seront lus par des enfants ou des adolescents
qui connaîtront plus que moi le visage du futur
me fait un peu peur
Même si je m’efforce de ne pas participer
à la grivèlerie générale
(je pèse mes mots, je plante des arbres, j’accompagne des abeilles)
je ressens déjà un peu de honte
Que répondrons-nous à leurs questions
quand l’été ne sera plus la saison des bains de mer
des fruits, des soirées passées à discuter au milieu des grillons
des papillons de nuit, des loirs qui courent sur les faîtes et les poutres
mais des jours enfermés, volets clos, bouche ouverte
comme des carpes qui suffoquent ?
Certains et certaines déjà nourrissent
des rêves sidéraux
et abandonnent leur planète
quand elle réclame des gestes tendres
Avant de programmer un voyage
qui serait une désertion
si nous apprenions à aimer
chacune des particules terrestres
Pas de théorie, pas de dystopie
juste une invitation à faire quelques pas dans un jardin
avec nos aimés et nos aimées
à écouter le chant du merle, à inspirer l’air lentement
à savourer la joie d’être
Isabelle LÉVESQUE
L’arête
Seule une particule
peut ajourner le précepte.
Il suffit d'une recette – manque
demain sur la ligne du temps.
Le souffle court, je renseigne. J'accours.
Monde ainsi fait
d'une seule traite.
Pour respirer,
détachons le vrai du faux.
Accordons le signe
à la ligne de partage.
Programmons le verbe,
propulsons l'accent aigu
sur l'arête infinie du poème.
Camille LOIVIER
main sur le dos
10000 soleils
le corps des amants disparait
(plus qu’un seul corps pour eux seuls)
granuleux de la peau les bras
s’enlacent
ils vont s’assoupir
les étoiles dans le ciel
plus bas
organisme de la terre dans la terre
les étoiles scintillantes
plus bas que terre
une sensualité qui se détache du corps
humain pour toucher le cosmos
des bras qui s’enveloppent
d’une texture de sable
à la limite de la brûlure
une autre planète répand ses particules d’étoiles
Sophie LOIZEAU
Continuum de l’étang
A ce point de très grand
Vertige où l'on est prêt de confondre
Le fond lorsque le ciel
Se révulse dans l'eau
Et agite les branchies qu'ont
Les arbres à la place
Ce temps faible où l'on se sent
Verser
Tomber sous le coup réversible
Du sens
Être le ciel et l'eau
Le vide au fond qui bée
Je ne sais si ma persévérance à croire
Au ciel
N'est pas l'origine de cela qui me voudrait
Lâchant prise et trébuchant dans les feuillages
Dans tout ce matériau de l'air
Cet imagier
D'étang absolument obscur à lui-même
Qui prend l'identité de la trouée
Entre deux nuages
Béatrice MACHET
ARTE DE VIVIR-ART OF LIVING- yaşama sanatı- τέχνη της ζωής-ARTE
DE VEVER- arta de a trăi- уметност живљења (umjetnost življenja)- arti i të jetuarit-ARTE DI VIVERE- אמנות החיים- …
ou simplement Art de vivre (hommage à Verlaine déguisé !)
De l’empathie avant toute chose
et pour cela au dystopique
préfère l’utopie. Ni ne programme
ni ne transmute l’humain en humanoïde.
Rien qu’un continuum de cœur
à cœur. Musique des battements
à l’unisson pour allumer des
étoiles ailleurs que dans le grand vide
intersidéral.
De l’empathie
avant toute chose pour en finir
avec les guerres. Vivre en harmonie.
Partager. Offrir. Aimer. Guérir
notre folie prédatrice. Pour cela
prends la cruauté, tords lui son cou.
Vienne le règne de l’égalité,
de la solidarité, plus de frontières.
Alors entonne l’hymne à la joie …
Et tout le reste est littérature.
Maria MAILAT
Continuum
Du sang sur les plumes
d’un jeune serin blessé.
Tombé du nid, le cou tordu,
la poussière l’engloutit.
Quelle berceuse pourrait apaiser
ses spasmes et cris d’agonie ?
Le ciel bleu brille
dans les feuilles de l’olivier,
mais l’ange ne se montre pas.
Nul sauveur.
Sur une branche, la mère de l’oisillon
sanglote et hurle, peut-être,
mais son chant se répète dans la joie
comme tous les autres matins.
Le poème prolonge le chant
et sauve l’oisillon tombé du nid :
il est toujours vivant
dans la fragilité de cette page.
Béatrice MARCHAL
De la ville au village,
du village à la ville –
allers-retours de mon enfance,
rythme premier au cœur
d’un continuum rebelle aux théories, où
l’espace contenu entre deux mondes
s’est transmuté
en sidérale poussière de souvenirs.
Amandine MAREMBERT
Des mots de nos lettres
ajoutent des étoiles
à l’espace sidéral
leurs lumières brillent longtemps
au-dessus de nos têtes
allument des lampes durables
à nos chevets
les lettres de ces mots
sont les mailles d’une couverture réchauffante
qui enroule nos nuits
berce nos veilles
Samuel MARTIN-BOCHE
CONTINUUM
Une tasse à verser
le café brûlant
du présent
à la radio
les dernières nouvelles
particules invisibles
en suspension
dans une cuisine de tomettes
rouges
on alunit
à une vitesse sidérale
de l’autre côté de l’existence.
Simone MOLINA
ta voix s’élance
vers un horizon
aux couleurs sidérales
vibrante
elle me parvient
au-delà des forêts des mers
et du fracas des villes
une même allégresse
transmute notre rencontre
moi qui ai tant vécu
et toi l’enfant
d’un monde à venir
ne désespère pas
la vie ne se programme pas
dans ton corps
l’océan et le ciel réunis
coulent
depuis la nuit des temps
particule joyeuse
tu es fragment d’étoiles
parcelle du fond marin
atome pour l’infini
Ada MONDÈS
Pour un monde à venir
il y a très longtemps
nous lisions les étoiles
le livre du ciel ouvert
à nos désirs de récits
Sirius Antarès Aldebaran étaient aussi les noms
de chevaux éblouis dans la nuit sidérale
particules au galop dans le continuum
on dit ainsi du poète qu’il est dans la lune
tête en l’air parmi les nuées de mots
mais aux délires d’alunir il préfère la terre
la vigne rouge sous ses yeux qui s’élance à l’étreinte
à pleins poumons son cri d’automne
préfère le pétrichor l’odeur mouillée du monde plu
préfère encore les infinis chants les infinies couleurs
pour un monde à venir
nos histoires terrestres à recoudre
dans la toile dystopique
Carl NORAC
Alunir au plus près
Enfant, je regardais la lune,
en essayant de faire sa connaissance.
Ma théorie est qu’elle me voyait de son œil immense,
qu’elle m’entendait aussi :
- Comment vas-tu là-haut ? Pas trop froid ?
Mes pensées voguaient si loin vers le sidéral.
Et moi, petite particule de l’univers,
humanoïde en culottes courtes,
j’imaginais pouvoir un jour la rejoindre,
en fusée à programmer ou juste un peu ailé,
costumé comme dans les films d’anticipation.
Je rougis un peu quand je repense à cette époque
et, pourtant, souvent, sans me moquer,
je me surprends encore à rêver
qu’elle se penche, avant minuit,
pour me sourire.
Lydia PADELLEC
Voyage sidéral
Ma chambre s’illune
D’une clarté pâle :
La lune semble m’appeler.
Mon corps s’élève
Devient particules
Traverse le mur.
Mon corps voyage
Au-dessus des villes
Illuminées la nuit
Par des constellations
Électriques –
Mon corps s’envole
Encore plus loin
Loin des campagnes
Loin des déserts
Loin des océans
Vers la clarté sidérale
De mon amour.
Orianne PAPIN
Une année sidérale
c'est 365 jours, 6 heures, 9 minutes, 10 secondes
notre année tropique
c'est 365 jours, 5 heures, 48 minutes, 45 secondes
pendant que nous restons droits sur nos jambes
les étoiles lointaines dérivent doucement
avec 20 minutes et 25 secondes d'avance sur nous
c’est dans cette brèche que tout se joue
les 1225 secondes
qui, sur nos horloges,
n’existent pas
alors si notre monde parfois te semble
tourner étrangement
n’oublie pas ces 1225 secondes secrètes
cachées quelque part dans l’univers
tu peux t’y réfugier
laisser tes pensées, elles aussi, dériver doucement
et tresser tes plans d’avenir
aux étoiles.
Thierry PÉRÉMARTI
D’avant la suffocation
l’asphyxie goutte
à goutte
programmée l’obsolescence
qui rode érode
nous indivise
continuum mortifère
perdu de vue ce pauvre monde
déserté d’amour sucé jusqu’à
la moindre particule
peut-être un espoir aux abois une prière
avant la dévastation sans doute
un sursaut affamé
qui se hisse
faire chemin inverse
au monde revenir
plutôt qu’un monde à venir
Théo PERRACHE
J'espère sur la lune
La Terre explose à la fin du poème
J'écris dans la fusée
En route pour la lune
Un fond d'oxygène dans la capsule
Grigris de fleurs séchées dans l'album photo
Plastique triste entre le cactus et la rose éternelle
Avec elles, je peine à respirer
J'espère alunir à la fin du poème
Derrière moi
Pour quelques secondes encore
Les scooters battent la campagne
Derrière moi
Un iceberg pousse dans le frigo
Une carcasse de tractopelle se noie dans la bouse
Un immeuble s'écrase sur un fossile de chat
Derrière moi
J'espère ne plus regarder
Pour vivre sur la lune
Je programme un nouveau corps
À partir des miettes de la Terre
J'invente une carapace
Crâne de cerf sur la tête
Feuille de chêne sous l'omoplate
Crin de cheval pour m'habiller
Cadavres de moteurs pour me chausser
Pétales de carbone devant les yeux
Encore un peu de biche au fond du cerveau
Encore un peu de violettes dans la mémoire
Particules d'espoir sur la piste d'alunissage
J'espère sur la lune
Rire encore un peu
3
2
1
Coralie POCH
Apprends à voir
tous les paysages qui grandissent en toi
nage entre les racines dans les mangroves sauvées
dors dans des forêts de hêtres encore entières
choisis tes combats à l’étendue de leur moisson
invente-toi un futur ancestral
sauvage et tendre comme une jeune pousse de fenouil
un futur avec des odeurs de menthe et de terre chaude
un futur sidéral
où les nuits seront données pour regarder les étoiles
à même la terre
Transmute-toi, deviens grenouille, herbe, fleuve,
crois en tout ce que tu croises de vivant
entends la voix des autres qui coule en toi :
reconnais les mots de l’ours aux cavernes de ta gorge
recueille le silence de l’aulne
l’eau du glacier dans tes mains
ils sont ton avenir
Préserve l’abondance des sourires
et la présence intacte de corps
qui respirent et qui sentent
peuple ton esprit de blancs glaciers,
d’étendues sans vertiges,
de sources et de rivières libres
Aide les paysages à grandir à l’intérieur de toi
sauve tous les arbres de toutes les forêts
apprends surtout à voir
à regarder longtemps
à reconnaître l’oiseau
à son sursaut fragile
son regard d’éclaircie
Conserve les présages
seulement ceux qui savent sauver
et fais les briller dans tes yeux
crois en la possibilité d’un monde où
vivre serait beau
comme un ciel de janvier
Grégory RATEAU
Sur tes trottoirs enduits de poudre, des humanoïdes ivres se laissent aller, jeûnent à coup de temps mort, de petits compromis fumeux dans l’amnésie du soir.
Ici, on s’arrange comme on peut avec les trocs. À l’ombre des blocs, les journées se grignotent, se recrachent aussitôt.
Sur tes boulevards, les volants, à coup d’aigreurs bureaucratiques basculent. Klaxon contre klaxon, les mouettes mitraillent le sol.
Tout s’étiole lentement. Les ancêtres en file indienne se prosternent devant des écrans vides : un cierge allumé au nom des exilés.
Les gloires statufiées veillent au grain. Sur tes places éventrées, des reliques du faste d’antan. La vie s’accroche à des particules de beauté.
Des cratères sur le pavé, les gamins improvisent. À saute-mouton pieds nus et hop dans ton énorme gueule.
Dans l’impasse, l’herbe gangrène le béton, un vaste portail mauresque, des résidus de lumière pendus aux fenêtres. Les Mille et une nuit dans un trompe l’œil.
Tout ici appelle aux souvenirs avec ses champs et ses vignes oubliés.
On glisse sur toi en reconnaissant seulement des bribes, en fulminant sur un ailleurs. Dans l’impossibilité, pourtant, de te fuir.
Diane RÉGIMBALD
Si les mots entre horizon
des rêves et des réalités
transmutent les désirs à leurs aimants
le jeu du temps fou
entre mondes grouillants
et monde en agonie
s’amuse à balancer ostensibles
les gestes de l’espoir
les bras s’élancent dans un feu d’avenir
là où il fait trop chaud
où on s’exerce à jouer
avec les particules de cendre
des forêts tant de fois traversées
l’image sidère brûlée, chavire dans les gestes de survie
réveil cru
au dénuement et à la faim
la déroute obligée éveille
la réalité des nécessités humaines
le corps sidéral abîmé de lumières fugitives
invite le récit dystopique, sa démesure
mais on le déjoue, renverse les visions sombres qu’il dresse
la langue inquiète transforme le champ qu’il occupe
en un espace inventé composé
de fictions ardentes et de partages magnétiques
l’utopie reprend les jours du réel
compose un ancrage une bascule
des naissances qui fleurissent
la faune les végétaux anticipés
des radicaux libres
ensembles d’infinie volonté
à savoir reprendre le sort
de vivre
Clara REGY
« j’ai fait un rêve »
l'air est doux il sent bon
les plaines et les coteaux se sont allongés sous mon corps
j’alunis caressant mille oiseaux aux particules de joie
mon ventre maintenant transmute en nid douillet
le rire des petits becs palpite et m’apprivoise
bonjour cet autre monde
-c’est la première fois-
Jean-Christophe RIBEYRE
Fais tes premiers pas
dans l’allée
que tu viens d’inventer,
tu ne sais pas encore où elle mène,
qu’importe,
elle est ce voyage
entre ton cœur
et le monde à venir,
sème patiemment les étoiles
qui te guideront peut-être
dans la nuit noire,
le champ de blé sidéral,
grimpe dans l’arbre
qui n’existe pas encore,
écarte doucement ses feuilles
sans les déchirer,
elles te murmurent déjà
au creux de l’oreille
le chant secret
qui fera naître ton soleil.
Richard ROGNET
L'arbre mort qui résiste
depuis plusieurs années
a gardé sa sidérale majesté.
Ses branches noires,
quels que soient la saison,
l'heure, le temps,
se confondent avec nos os,
nos cicatrices, nos empreintes,
comme si l'immobilité
encastrée dans son tronc
célébrait l'universel continuum.
L'arbre mort se dresse
entre vie et mort,
et l'on ne sait quelle est la mort,
quelle est la vie.
James SACRÉ
Anticipation dans un continuum : programmer ,
(Et sans théorie)
Je sais pas quel monde humanoïde et dystopique !
Transmuter le passé en demain, pas facile :
Poussières, particules d’aujourd’hui
Pour un monde à venir :
Rêve bien trop sidéral, sans doute
Qu’on ne fera qu’alunir en rêveries chimériques.
Florence SAINT-ROCH
c’est pour quand déjà ?
on en a de bonnes
à dire à espérer à rêver
anticipation souvent
(toujours en vrai)
rime avec illusion
à la ville comme aux champs
chacun y va de son couplet
sur les abris-bus
dans les couloirs du métro
des prédictions crois-moi
des serments des promesses
à la campagne guère mieux
du vent des salades du flan
des guêpiers des mésangettes
des miroirs aux alouettes
demain on rase gratis
tu la connais la rengaine
mille fois on l’a vu écrite
pourtant au Barber Shop
comme chez Martine
nulle part on l’applique
nous aussi on remet à plus tard
ne plus prendre l’avion
oublier les pesticides
limiter les déchets
abandonner le plastique
alors
c’est pour quand déjà ?
pour aujourd’hui
ou pour demain ?
Isabelle SANCY
Laniakea
Nuit noire bouche bée
au moindre bruit
frisson glacé
monte à l’échine
main dans la main
baiser ta bouche
affolement
exquis le ciel
immense où est-ce
sans bord sans fin
regarde le vide
est sidéral.
*
Infiniment petit
Il faut imaginer un grain – rouge ou bleu –
dans un grand désert – noir ou crayeux –
il ne peut pas être vu.
Il n’est ni perdu ni disparu
il est seulement tout petit,
minuscule dans un grand tout
c’est une particule.
Proton, neutron, électron
voici quelques noms
de ces particules minuscules
qui font tenir le grand tout.
*
La troisième loi de Newton
Alunir est un rêve
et une question,
des calculs
et des lois :
28 000 km/h sont nécessaires
pour s’arracher à la gravité terrestre
– c’est de Newton
la troisième et éternelle loi.
À la première personne du pluriel
– hasard linguistique, quel émoi –
alunissons sur une question :
ne sommes-nous pas mieux là ?
à rêver sur Terre à l’unisson.
*
Dystopique y es-tu ?
Promenons-nous dans les bois
Tant que ça n’est pas hors-la-loi
Si le dystopique y était
Il nous mangerait
Mais comme il n’y est pas [pas encore]
Il nous mangera pas [pas encore]
Dystopique y es-tu ?
M’entends-tu ?
Que fais-tu ?
Promenons-nous dans les villes
Tant que c’est encore possible
Si le dystopique y était
Il nous mangerait
Mais comme il n’y est pas [pas encore]
Il nous mangera pas [pas encore]
Dystopique y es-tu ?
T’es tordu !
Je suis prévenu.e !
Pauline SAUVEUR
une particule de lumière
scintille
dans le bruissement doux
du lierre qui dévale
de la vieille station spatiale
abandonnée
le robot humanoïde
non programmé
rêve éveillé
*
en théorie
tout va bien
je respire
tu souris
en théorie
tout est calme
tu ris
je rougis
en théorie
c'est facile
de dire bonjour
"Bonjour !"
en théorie oui
mais aujourd’hui
je réfléchis
je balbutie...
car je suis...
amoureux-se !
*
alunir sans bruit
dans la nuit sidérale
la poussière des étoiles
sur mes ailes de métal
belle et fragile
la Terre me regarde et m'appelle jusqu'ici
Mathieu SIMONEAU
Qu’en est-il de l’amour
sous quel pli de roche
le trouver
lui qui se voile
se retire
comme l’eau se perd
dans le continuum
de nos rêves animaux
qu’en est-il de mon visage
qui se transmute
dans la configuration passagère des feuillages
qu’en est-il de cette flamme
sur la peau calcaire
des continents laissés à eux-mêmes
dans la lumière soudain vive
des villes sidérales traversées de nuit en taxi
on ne sait plus quelle tendresse
de voyage s’achève
Jean-Marc SOURDILLON
L’anticipation
Tu te souviens ?
Nous, station des Halles à Paris, c’était en janvier. Sur l’écran d’affichage des RER, le nôtre, celui que nous voulions prendre : départ dans deux minutes.
Mais à quelle distance était le quai ? Combien de couloirs, d’escaliers, de tapis roulants entre lui et nous ?
Nous nous sommes regardés, pris par la main et nous avons couru.
On s’est dit : « ce serait trop bête de le rater »
Puis : « On n’aime pas trop courir pour rien ».
Main dans la main nous avons couru. Quelques voyageurs s’en souviennent, que nous avons bousculés au passage. Nous leur présentons nos excuses rétrospectives.
Nous avons débouché sur la grande plage éclairée du quai à l’instant où tous feux allumés le train arrivait en glissant sur ses rails. Nous avons sauté dedans.
Tous les deux sur ce quai, et cet autre quai aujourd’hui, et ce quai plus tard qui nous attend. Une même façon de guetter les brèches du temps en les anticipant.
J’ai adoré ce moment.
J’ai senti que nous étions vrais, que c’était nous, cette façon de tenter, de nous élancer tout en sachant que c’était peut-être en vain.
Qu’importait l’issue pourvu que nous ayons essayé, que nous n’ayons pas laissé s’échapper une possibilité, que passant outre nos réticences, nous ayons cru, simplement cru, et fait confiance.
Maud THIRIA
partition amoureuse d’anticipation
mon amour je m’alunis en toi
au creux de ta voix émaillée
se particule tout l’univers
intercostal
de mes doigts à ma langue retrouvée
je poème en continuum
tu sternum tu calcium
nous émancipe un monde vide
sidéral
nous transmute l’infini de nos formes
viscéral
au creux de ta voix éraillée
se particule tout l’univers
abdominal
en toi je m’alunis mon amour
Milène TOURNIER
théorie poétique de l'IA
Les nouvelles images IA, le même frisson que le face à face avec une chouette
j’essaie de comprendre que, avec l’IA, l’image n’existe pas avant d’exister
par rapport donc, mettons à un montage
et qu’on a peut-être la même peur que les gens avant en face du train,
du film du train
de prendre pour vrai ce qui ne l’est pas
ou prendre pour photo ce qui ne l’est pas
et discerner le prompt derrière l’image
“Homme avec ombre et souvenir d’ours”
“des aujourd’huis effondrés, soir de bar, ardoises impossibles”
“temps qui passe comme neige tombe, sensation des lessives”
et si l’IA parfois aura ses bugs, d’un doigt en plus dans une main
comme un homme coincé derrière une vitre
promptes nos prières,
marcher
Lien vers le VIDÉO-POÈME de l’artiste.
Sophie Marie VAN DER PAS
Longtemps j'ai été
fleuve
au milieu du ruisseau
au filet de la soif
j'ai choisi
la gorgée la plus fraîche
Sur mes lèvres
je ne crains plus l'absence
une goutte a suffi
particule ronde
la bouche s'abandonne
à savourer le peu
Ce que je tiens dans ma main
l'eau
inépuisable
l'eau comme l'autre
coule
La clarté sidérale
illumine la perle
de l'aube.
Laurence VIELLE
Il faut revivre avec le soleil
il faut revivre avec le soleil
le décalage horaire
ça veut rien dire pour les oiseaux
pour les aigrettes ça veut rien dire
pour l’eau pour l’arbre ça veut rien dire
les abeilles ne butinent pas
plus tôt plus tard qu’avant
il faut vivre avec le soleil
se lever avec lui
se coucher avec lui
ce serait ça l’idée
allez allez
l’idéal de l’idéal
vivre avec le soleil
le saluer chaque matin
depuis la canopée
le saluer chaque soir
et puis fermer les yeux
avec le vivant diurne
ou les ouvrir
avec le vivant nocturne
ce serait ça l’idée
allez allez
l’idéal de l’idéal
le parfait du parfait
qu’t’atteins jamais
et fî du décalage horaire
vivre solaire
avec le soleil
Annie WALLOIS
l'humain peu à peu le cède
à ses clones programmés
quand sous les ponts aériens de nos pas
à la surface du globe
des mains invisibles s'affairent
engrainent aveuglément
les sillons anciens
sèment les mots qui voyagent
avec la Terre
pour ressaisir
les rêves assoupis
dans nos angles morts
les mots qui espèrent
du monde à venir
la chair sauve
Mary-Laure ZOSS
terrestres
ne reste plus grand-chose – fouillis des talus,
chiendent brûlé à l’acide,
une traversée à folle allure ;
au long du ballast, les plantes rudérales,
les panicules du laiteron maraîcher ;
plus grand-chose des parcelles vivrières,
de la terre battue où
tombent un à un
les mots
dans les cuisines ;
face au spectre d’un néant sidéral
réinscrire en soi
les graphies de la vieille planète ;
épeler la giration des choucas dévalisant
aubépine ou sorbier,
les flamboiements d’octobre

© Sophie Loizeau
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