
POÉCLIC 2025 - Pour la planète



POÉCLIC 2025...
des "poèmes offerts"
pour la planète

Une soixantaine de poètes, sensibles à l’esprit de notre opération et enthousiasmés par le travail réalisé avec nos élèves, ont, pour la quatrième fois, répondu à notre appel et écrit, spécialement pour eux entre un et dix poèmes respectant l'habituelle contrainte de notre opération : intégrer, dans le texte, au moins l’un des dix mots « pour la planète » :
biome, butiner, canopée, conséconscient, débrousser,
empreinte, glaner, palmeraie, solaire et vivant
Tous les poèmes offerts sont des inédits écrits spécialement pour les élèves des lycées français d'Amérique latine rythme sud et d'Europe du Sud-Est.
Un magnifique cadeau et un corpus inédit pour découvrir la richesse de la poésie francophone d’aujourd’hui.
Découvrez ci-dessous l'anthologie
POUR LA PLANÈTE
60 POÈTES PAR-DELÀ OCÉANS ET CONTINENTS
et très prochainement, sur cette même page, les lectures expressives et commentaires
proposés par nos élèves pour chacun de ces poèmes.
Vous pouvez également télécharger l'anthologie au format PDF : CLIC CLIC...



Joëlle Abed
il n’y aurait pas eu
ces petites bulles irisées du souffle premier
qu’aucune trace
n’aurait laissé d’empreinte
qu’aucun parfum n’aurait eu de sillage
que de la main de l’autre jamais
nous n’aurions pu nous saisir
pour nous faire traverser
la circulation folle du temps
un jour de grande panne solaire
Cécile A. Holdban
MA JOIE NE MENT PAS
Ma joie ne ment pas,
ma joie porte un pourpoint d’étoiles
je la traverse elle me dévêt de moi
je lance ma joie
et en fais d’autres joies,
ma joie est ta joie
je te réchauffe à l’or de ma joie,
ma joie se respire, vivante je l’aspire,
je l’avale, je la pleure, je la crie,
je la nage, je la mer, elle solaire
je la bouleverse, je l’achève, la relève,
je la blesse, je la laisse,
je la console, la caresse
c’est ma fille de joie, mon feu de joie
mon cheval de joie,
je galope sur ma joie, je porte ma joie
je suis le Sisyphe de ma joie
je l’étreins, la contrains
je l’espère, la libère :
ma joie ne ment pas.
Isabelle Alentour
Pensées à la mer, pensées aux fonds marins, pensées aux algues qui flottent, à celles qui se déposent. Pensées aux océans et pensées aux marées, pensées aux crevettes, aux crabes et aux langoustes, pensées aux pingouins qui se dandinent sur la banquise, pensées à la banquise en danger. Pensées à la jetée qui perce, contient et protège des tempêtes, pensées aux tempêtes, aux vagues géantes, aux embruns, pensées au clapotis et à l’eau qui frise, pensées à la houle, à la grande houle, à la houle longue et profonde, pensées au mal de mer, pensées au vent dans les voiles, à celles qui faseyent, pensées aux voiles insuffisamment bordées et qui se dégonflent, pensées au spi de toutes les couleurs et au grand largue, pensées aux bateaux démâtés, aux mâts de fortune, pensées à Moitessier, pensées aux naufragés, aux presque naufragés, aux naufrages évités de justesse. Pensées aux migrants, pensées aux bateaux qui toujours repartent, pensées à la barre, à la main qui tient bon la barre, à la barre qui tient bon le cap, penser au cap, au Cap Corse, au Cap Sicié, au Cap de bonne espérance, aux caps de toutes les vies. Pensées à l’horizon et aux couchers de soleil, aux îles et aux archipels, pensées au palmier solo et à Robinson, pensées aux ports et aux pêcheurs, aux girelles, aux roucaous, aux murènes, à soupe de poissons et à la bouillabaisse. Pensées au sentiers côtiers, aux sentiers des douaniers et aux contrebandiers, pensées aux phares invulnérables, pensées aux tsunamis et aux mers intérieures, pensées aux terres arrachées, pensées pour tout ceux que la mer emporte, tout ceux que la mer balaie, tout ceux que la mer engloutit, tous ceux que la mer nourrit. Pensées aux calanques et à la grotte Cosquer, pensées à la vie sortie de l’eau, pensées au vivant, pensées au masque et au tuba, pensées aux premiers pas de l’enfant pas sur le sable et à ses premiers châteaux, pensées aux méduses et aux oursins, pensées à qui aime faire la planche en étoile de mer.
Marie Alloy
Matière solaire
modèle le monde vivant
sous la dictée du ciel
Matière nocturne toujours voilée
̶ son empreinte glanée
au crépuscule
Matière de rêve
butinée dans la brume
̶ mais sous la canopée nocturne
déjà la palmeraie des mots du poème
Matière humaine
̶ aire de lèvres de mains de regards
dans ce biome où le végétal l’animal
essaient aussi de nous parler
Matière d’enfance
toujours à débrousser
pour cultiver attentes et promesses
Matière d’âme
sans limites ni frontières
̶ notre planète à sauver
Jacques Ancet
VENT SOLAIRE
On y est. Il brûle. Les visages passent de l'ombre à la lumière,
Les corps du jaune au bleu. Entre la nageuse et la lectrice, ce qui
glisse
Invisible, un semis d'herbe rare, un peu de terre, une géographie
d'écorces
Et autre chose qu'on ne voit pas mais qu'on sent, là, tout près.
Le mot, peut-être, oui, avec un écrasement de couleurs, des
jambes, des bras,
Des gestes abandonnés, des lueurs d'instants,
Le brouhaha soudain de la planète, le vent solaire, tout à la fois dans ce même mot
qu'il faut prononcer, répéter vite, entre deux souffles.
Silvaine Arabo
Eurydice inversée sur les carreaux du temps
Impuissance soudaine du désespoir
Broutant le ciel
Saccageant les palmeraies
Sur l’empreinte vivante des mots - synchronicité -
Dans le lourd septembre des âmes vagabondes
Ressurgissent enfin verveines odorantes
Espérance et fruits mûrs.
*
Dans la nuit du saccage coïncidence avec soi-même
On déserte les cortèges - des mascarades -
Or mourir encore n’est qu’un songe une évanescence
Une hypnotique invention masquant la grande vie
Aux hasards des fronts couronnés
On butine lumière et tresses d’aube
Des ailes couvent l’oeuf magique - régénéré - du monde,
Nervures éblouissantes de la main qui trace les mots.
Adeline Baldacchino
Poème pour toi
Ce matin je suis le biome tout entier
la femme qui serre un enfant contre elle peut bien croire qu’elle porte le monde
puisque c’est à lui qu’il appartiendra de sauver la terre
et les choses, les êtres et leur mer à son tour
Ce matin je suis une palmeraie
chacun de mes membres est un arbre qui projette son ombre
sur le sol des vivants mes dents mes os sont des roches
et la lumière nous invente
Ce matin je me réveille dans la canopée
mon ciel est à l’envers quand mon cœur est à l’endroit
je crois que l’on galope dans le bonheur qui n’écrit plus blanc
comme sur une plage à l’aube et les sabots sont de joie
Ce matin je ne cherche plus les empreintes
que nous laisserons au désert que nous donnerons au lit de la rivière
ce qui passe n’est jamais détruit
fût-il sans traces
Ce matin je butine l’avenir
je féconde le présent de mots qui feront des petits
je pollinise le temps je me rattrape aux étincelles
du doux désir de durer
Ce matin je m’en vais glaner
des raisons d’espérer sur les jachères de l’amour
jonchées de débris je les ramasse et je recommence
chaque jour est une genèse
Ce matin je débrousse dans le brouillard
les mille arpents de mes forêts
les clairières ont une odeur d’allégresse
un peu folle et qui brûle dans le noir
Demain je serai conséconsciente
je répéterai ce mot plein d’étranges sonorités
dont je viens d’apprendre l’existence
tout ce qui naît m’importe effrontément
Mais ce soir, solaire et vivante, mère aux mille pattes suspendues au bord du vide
je ne ferai que répondre à tes appels je sourierai contre toi
jubilante d’exister puisque nous existons
ensemble.
Samantha Barendson
J’allume la radio et j’entends ce qu’ils ont fait :
pollution de l’air, pollution de l’eau, pollution du sol
et moi qui calcule méthodiquement mon empreinte carbone
J’allume la télé et je vois ce qu’ils ont fait :
déforestation, urbanisation, surexploitation des ressources naturelles
et moi qui marche la nuit sur des rêves de canopée
J’ouvre le journal et je lis ce qu’ils ont fait :
changement climatique, exploitation des terres agricoles, perte de la biodiversité
et moi qui sème des fleurs sur mon balcon pour que les abeilles butinent
Je branche les réseaux sociaux et je scrolle ce qu’ils ont fait :
destruction des écosystèmes marins, surexploitation des nappes phréatiques
et moi qui glane des tutos pour ne pas gaspiller l’eau
J’arrive au bureau et j’apprends ce qu’ils ont fait :
engrais chimiques et pesticides, violations des droits humains
et moi qui détartine mon pain pour sauver les singes et les palmeraies
Je vais au bistro et j’écoute ce qu’ils ont fait :
des microplastiques partout, dans l’air, l’eau, le sol et même en nous
et moi qui mange bio dans l’espoir de rester vivante
J’allume Internet et je m’informe de ce qu’ils ont fait :
éclairage nocturne et perturbation des cycles naturels des animaux
et moi qui m’éclaire exclusivement à l’énergie solaire
J’appelle une amie qui me dit ce qu’ils ont fait :
chasse et braconnage, surpêche et exploitation minière
et moi qui regarde impuissante les biomes disparaître
Je vais à une manif où les pancartes disent ce qu’ils ont fait :
coupe massive des forêts pour l’agriculture, l’exploitation forestière
et moi qui n’ai rien d’autre qu’un slogan pour les empêcher de débrousser
Je vais aux urnes pour contrer ce qu’ils ont fait :
monoculture, culture industrielle, érosion des sols
et moi conséconsciente et optimiste…
Jusqu’à quand ?
Jean-Marc Barrier
J'épouse le rêve
je quitte le rêve...
j'écris là où le désert s'épuise
je passe la nuit
je suis cet orage tendre
dans la palmeraie,
ce torrent délicat
puis j'embrasse
le visage craintif de l'aube
son drap indécis
ses audaces feutrées
*
Vivant vivant
je choisis ma route,
ma couleur parce que je vis
je vis et m’étonne
je vis sans comprendre
je vis dans les matins de promesse
je fuis pour vivre
j’aime comme je respire
*
Rappelle-toi
sur l'île de la Déception
je traçais des cercles
avec une pierre et de l'eau
nous débroussions notre histoire
le dessin s'effaçait
le sourire dans tes yeux
glanait mon sourire
*
not found, dit-il
et le soleil sur la tempe
il se maintient
dans l'invention d'un désert
où les ombres exagèrent
les lumières le butinent
tout a faim autour de sa soif
Catherine Bédarida
il m’arrive de jouer
me transformer en roseau
racines baignées dans l’eau du lac
feuillage vert vif balançant dans l’air
alors nous sommes des centaines
à danser serrés
onduler ensemble selon le vent
un lac bleu net
autour le presque rouge de cette terre
toutes les couleurs et leur empreinte en moi
il m’arrive de marcher dans la forêt
et me revient quand j’étais roseau
alors je cherche mes autres
la danse revient
là sous les arbres
je danse pour les couleurs
je danse pour l’air et l’eau
la forêt
sous la brise
gémit un presque chant
Albertine Benedetto
Tu sais glaner ?
des épis des tapis des pitas
de quoi tenir toute une vie
nos rêves hissés haut
à cascader sur les canopées
sans mot piper
sans piper les dés
des tant pis et des j’y vais
de sourires en rires sourds
ni promesse ni trahison
croix de bois croix de fer
si je meurs tu es derrière
rien qu’à débrousser le noir
avec nos souffles de vivants
élargir la clairière des regards
à la force du poignet apposer
nos empreintes sur des parois à pic
butinant mes/tes/nos
désirs jusqu’à
nous rendre solaires
Marilyne Bertoncini
Notre Terre en héritage
Pour nous qui y vivons
elle semble immense, notre Terre
mais en vrai, elle est toute petite
dans un faubourg de l’univers
avec ses huit planètes sœurs
se chauffant à cette étoile
qu’on appelle Notre Soleil
Elle est toute petite
et fragile, notre Terre
comme une barque
dans l’Océan-espace
à peine une coque de noix
toute chargée du vivant
avec qui on la partage
les arbres et leur canopée
qui caresse le ciel
les brins d’herbe, les palmeraies
les abeilles qui butinent
le miel couleur de l’ambre
dans laquelle on trouve parfois l’empreinte
d’un insecte d’autrefois
une trace de fougère
disparue
Elle est fragile et précieuse
Car on n’a qu’elle en héritage
Clément Bollenot
je rêve d’escalader les grands arbres, grimper
le long des troncs, le long des branches,
m’extirper du feuillage et m’étendre sur la canopée pour prendre
de la hauteur
des arbres, il en reste encore mais
depuis leurs cimes, partout, mes yeux accrochent l’empreinte laissée par mon espèce
sur le paysage
nous avons infiltré tous les biomes, nous avons butiné tout ce que nous appelons
« ressources naturelles » que nous pensions illimitées,
nous avons débroussé les forêts les plus impénétrables pour y planter
des palmeraies industrielles
nous avons, nous avons, nous avons tellement mais est-ce que nous sommes ?
je voudrais glaner un peu de poussière solaire
pour entretenir l’étincelle de l’espoir lorsque tout semble perdu
jour
l’étinciel fait battre nos cœurs,
réactive le brasier conséconscient
Yves-Jacques Bouin
Avec lenteur, laisser pénétrer les parfums, les odeurs ; ceux qui annoncent aux papilles que les douceurs s’exhalent. Avec lenteur, laisser pénétrer les rondeurs, les couleurs ; celles qui annoncent aux pupilles que le plus tendre s’invite. Peu à peu, le corps est envahi et s’abandonne, l’esprit s’y conforme. Goûter, toucher, prendre le temps de la parole, en écrire les mots. Savourer. Caresser. C’est la lenteur qui donne le la. La mélodie des instants gourmands s’accomplit. Le précieux juste avant, le délicieux pendant, la nostalgie d’après. Les instants se succèdent. Empreintes au bout de la langue, au bout des doigts, les souvenirs sculptent les instants subtils où le poème s’installe.
*
Arbre cabré, un orage bourgeonne, ombre orange, sombre et sanguine, ombre en orante, dans la rumeur de tes racines, ciels ambrés, sols et ciels prêtent serment à l’arbre.
Ainsi les racines profondes, le tronc courbe, les sèves en fuite, les branches qui s’égarent, les feuilles d’envol, nomment la fonction de l’arbre : Relegere, religare.
Relire le lien du bois et du papier, relire la couronne solaire de l’aubier où se chiffre ton âge, arbre, et c’est la levée des mots dans la friche des marges, l’aube du poème sur la page en jachère.
Relier les marges souterraines et les ramages en expansion, relier la terre au ciel. Relire et relier.
La religion des sèves est une parole qui monte comme un murmure, une prière sous terre et solaire, qui ne nomme que la lenteur et son enthousiasme.
*
Sans limite
Grandir
Telle est
La puissance
Du vivant
Dans le cœur des uns
La pensée des autres
Le corps de chacun
Grandir
Sans limite
Tel est
Le mouvement
De la multitude
Ignorante
De ce qu’il en est
D’elle-même
Julien Bucci
Part chemin
Il y a de la vie
Du vivant
Dans l’air
Il y a
Dans l’eau
La terre
Là où tu poses tes pas
Des traces
Au-dessus d’autres pas
Il y a
Des pieds des pieds
Qui ont foulé le même endroit
Nos empreintes se mêlent
S'empilent et se combinent
Tous nos pieds manifestent
Ils composent en marchant
Des formes de pas de pas
Palimpsestes*
Pied à pied
Part chemin
Nous marchons et marquons
Des signes de passage
* Un palimpseste (du grec ancien παλίμψηστος / palímpsêstos, « gratté de nouveau ») est un manuscrit constitué d’un parchemin déjà utilisé, dont on a fait disparaître les inscriptions pour pouvoir y écrire de nouveau.
Luminitza C. Tigirlas
Je n’ai pas assez voyagé avec les poussières
les poussières de l’instant en dérive, les poussières
des mots dans les gorges de la Terre
Par les regards muets — arbres que l’été soulève —
je butinais les pollens de leurs yeux
les pollens de mes cieux jamais défleuris
J’inspirais les nectars des gynécées, les gynécées
de toute aube que l’été rend humides,
je m’oubliais à l’air, à même la cicatrice du verbe
Je flairais le murissement des raisins, les raisins
que le soleil fermente dans les vignes,
j’instruisais mon cœur aux fulgurations du vide
Je n’ai pas assez voyagé avec les poussières
les poussières de mémoire que l’infini parsème
devant chaque trouée de notre parole
Valérie Canat de Chizy
la nature les arbres
les sentiers la marche
les fleurs les oiseaux
allègent l'esprit
les pensées obsédantes
s'envolent
le chat regarde une fourmi
un insecte une coccinelle
sur sa tige
les abeilles butinent
le monde infiniment petit
devient infiniment grand
Judith Chavanne
Qu’est-ce qui nous apprend à nous taire,
nous enseigne le silence
sans lequel le regard se perd ?
Il faut attendre
novembre, le second automne
si possible un peu gris, un peu froid
quand définitivement les fenêtres se ferment
et qu’on écoute ce qui est vivant à l’intérieur de soi
mais tournés en même temps
au jardin que l’on contemple
vers le cerisier ardent.
Guillaume Condello
Vivant petit nous ne fîmes qu’un biome de mots
où butiner de quoi créer sur le vide glanant
sans outils nous tardifs économiques débroussant
colonisant en marées se retirant laissant vagues
marchés de néon pour seul horizon quand dans les livres
le vent tournait les feuilles faisant abri de paroles
canopée ou fausses comme décor palmeraie con
séconscient si léger qu’il ne laissera pas d’empreinte
un animal jadis neuf réinvente où il habite
offrant réponse politique aux demandes solaires.
François Coudray
leçon* de lumière
ou comment, en poète conséconscient
se sentir simplement vivant
non pas analyser le biome
redescendre
au ras du sol aller
parmi le fragile
le fuyant
et
très profond
sous les mots
écouter
la langue des matières
le souffle quaternaire
là-haut la canopée
dans l’ici de mon corps
et dans sa nuit
solaire
entendre se mêler
le chant
le cri
de la terre qui meurt
et bat si fort
accueillir
arbres en marche
sa forêt intérieure
y cheminer
s’y perdre
peut-être s’y trouver
et accepter de ne pas laisser trace
qu’avec moi mon poème
seule empreinte
s’efface
* où la modestie est de mise, et le ton, celui d’une tremblante exploration plus que d’une affirmation assurée (cela dit, vous le lirez bien comme vous voulez, ce petit texte qui n’est après tout qu'un poème)
Les poèmes sont présentés par ordre alphabétique des noms de leurs autrices et auteurs.
Pour plus d'informations sur ces poètes, rendez-vous sur la page dédiée en cliquant sur la feuille bleue.
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Ariane Dreyfus
POIGNÉE PAR POIGNÉE
Tellement joueurs que nous tombions par terre
Une chaleur dessous qui disait quelque chose
Bonjour les enfants
*
Une petite touffe sur la terre
Ou dans un pli du corps
Les mains en sont parfumées elles ne l’ont pas perdue
*
Rester sur la terre, toujours
Pendant que l’herbe pousse encore
La terre aussi est un corps vivant
Je n’embrasserai plus que les visages
Posés doucement sur elle, notre beauté
Chantal Dupuy-Dunier
Canopée, diamant vert
Tu es un baldaquin déployé à la cime du monde
pour le protéger des morsures du soleil.
Tu es le toit de la colossale cathédrale terrestre,
coque de navire inversée pour abriter le vivant.
Toutes les couleurs bruissent dans ta forêt de nuages.
Le rouge feu des perroquets croise en vol
le violet profond des toucans.
De petits boas acrobates sautent parmi les lianes
et se confondent avec les orchidées.
Des milliers d’insectes forment une chorale
dont les chants crépitent alentour.
*
Empreintes (Tanka)
Mémoire de vers
sur le sol de mes cahiers,
empreintes laissées
par des siècles de poèmes
pour accompagner mes pas.
Sylvie Durbec
Les plus beaux pays du monde, disait-il, lui, le méditerranéen,
comme les oliviers qui ont besoin du vent pour fructifier,
il faut écrire leurs noms à haute voix pour les faire vivants.
Mon père, Liban, Syrie,
quand il en revint, Baalbek, Alep
à Marseille cité des Tilleuls,
entre cuisinière et salle à manger
écrivait leurs noms
sur des cartes postales.
S'y promène-t-il encore au milieu des palmeraies et des enfants perdus ?
Ombre lui-même, méconnaissable à ses proches, ombre fragile
comme celles que l'on extrait des souterrains de la mémoire.
Telles les arbouses et grenades
que les gens de mon village laissent pourrir au sol,
ayant oublié qu'on les glanait rouges
pour les manger et nous faire vivants.
Étienne Faure
À glaner sur la plage des détritus
comme on butine, ce n’est pas du miel
mais de l’ambre solaire qu’on récupère
sous la palmeraie, ce que la mer rejette :
l’empreinte carbone de Crusoé
simple habitant du globe encore vivant.
Estelle Fenzy
Un grand pas
Animaux prisonniers
des grands incendies
canopées noyées
sous les tsunamis
et partout
la guerre
Amstrong pensait-il en juillet
à ce futur monde-là
posant sur la Lune son empreinte
et le drapeau américain
Si enfin l’on choyait
les choses vivantes
les petites les plus grandes
les plantes la mer
les cailloux
pour aujourd’hui
comme pour demain
ce serait un grand pas
pour l’Homme et
pour l’Humanité
Odile Fix
presque perdue de voix
grise lumière solaire
pondérée de chant
c’est pâle crépuscule
la Terre
est une coquille
portée à l’oreille
– ses ramures d’océan –
elle
murmure
se multiplie infime
dans les empreintes rocheuses du temps
poudreuse elle
abrite
souffles des bêtes vieilles
qui vont encore
cheminent
tranquilles et les fronts hauts
les lumineuses
erratiques rivières des
bêtes du monde
sont
colliers de la tête aux étoiles naissantes
– Terre –
Gaëlle Fonlupt
Chute
C’est ainsi que nous aurons vécu :
par fragments d’éclat,
par ciels trop vastes pour nos mains.
Les bras débroussent les dernières clartés
et voilà que l’abeille butine nos cendres.
Quelqu’un marche là-bas – un vivant
qui ne sait plus où poser ses pas.
La canopée ne bruisse que de noms disparus
et personne n’écoute ; tout respire à demi
comme si l’arbre ne glanait plus que son poids de nuit.
L'empreinte solaire fouille la lente cicatrice
du printemps à naître, le ventre préhistorique
d’un monde intact où rien ne pèse sinon
cette lumière qui n’attend rien.
La terre couronnée de ronces tombe
dans la cage thoracique
chaque souffle une faille,
chaque silence une graine qui s’éteint.
Romain Fustier
Une mer de végétaux elle a embrassé du regard
La canopée depuis le point de vue au-
Dessus de la rivière la lande à bruyères avant
La hêtraie a soudain eu l’impression que la cime
Des grands arbres formait des vagues de
Verdure de feuillage un parapluie une toiture
Surplombant le vallon sa fraîcheur son sol fertile
Où les frondaisons abondent s’étendent
À travers les paysages jardinés de cet arboretum
Anne Gauthey
Pattes
ailes
au rythme
d’un tambour solaire
je butine les ruines
de mon canapé
à l’ombre d’une canopée
de pages
de mots-moteur
pour que
pattes
ailes
glanent
entre les vents-vie
et l’envie du vivant.
M’étreindre à la palmeraie
Avec mes palmes
Ne serait qu’un saut lent.
Je débrousse et m’élance
laissant sur le biome
l’écho
conséconscient
d’une empreinte.
Albane Gellé
Vivantes les eaux les salamandres
Vivants les sols les cachalots
Vivantes les fleurs de nos passions
Vivantes les herbes les grenouilles
Et nous debout rêvant que cages
Ne contiennent plus que des cailloux
Élisabeth Granjon
un espace vivant existe
au-dessus de nos grisailles quotidiennes
je caresse le froid du bout des yeux
un petit soleil dans la poche
je deviens chant d’alouette
sous la chair sucrée de l’aube
et m’envole là-haut dans la canopée
j'entends battre les bourgeons
lovés sur leur quintessence
tandis que la lumière soupire dans l’invisible
c’est si beau que j’en tremble
je perds mes pétales défraîchis
et l’infini solaire me regarde doucement
Benjamin Guérin
Les nouvelles canopées
Ils en ont tissé les vivants
de ces ciels artificiels
pour mieux se couper des étoiles
coupoles et monuments
tricotant à l’envie
des mailles de treillis
pour s’abriter du soleil
pour s’abriter des montagnes
pour s’abriter de la vie
et de tous ses effondrements
en se cachant sous l’été climatisé
des nouvelles canopées
Luce Guilbaud
Panser le monde.
Les colères de la mer on veut les oublier
les cris les ravages
l’avancée obstinée des dégâts
la montée des eaux
on efface les soulèvements les mauvais courants
on veut les grands ciels bleus les pieds dans l’eau
les flaques miroirs solaires le sable chaud
(personne n’écoute les mouettes et leurs mauvais augures)
Les colères de la terre on veut les apaiser
les cris les ravages le sang
les empreintes profondes de la haine
la mitraille les explosions les ruines
on lit les journaux les avis les déclarations
on pleure avec celle qui jette ses clés sur la route
(personne n’entend personne dans l’incendie des langues)
meurent les colombes étouffées
les enfants massacrés
penser la mer penser la terre
est-ce toucher le monde pour le panser ?
*
Du pain sur la planche.
Aujourd’hui j’ai du pain sur la planche !
je dois filtrer l’eau du marais
recoudre les falaises effrangées
mettre des couvertures aux glaciers
construire un barrage contre le Pacifique
peigner les feuilles de la canopée
secouer les cocotiers de la palmeraie
dénicher les tempêtes endormies
j’aurai aussi la mer à boire
après avoir glané les graines de soleil
C’est mon devoir de vivant sur la terre
Je n’en fais pas une montagne !
*
Autour de la terre.
Bientôt je quitterai
ce village sauvé des eaux
à l’aplomb d’un nuage
j’irai par la terre
avec ses bouches de volcan
ses villes ébullition
et ses paysages souvenir
je partirai avec mes abeilles
butiner les fleurs de soleil
et poser mes empreintes
sur les plages qui vont
toujours plus loin plus loin
autour de la terre.
Georges Guillain
SENTIR LA TERRE !
beau dimanche
on dirait
que l’Hiver à pas d’ours remonte avec nous
la rue gorgée de vieux miels d’ombles
de fontaine de corégones blancs
vie – belle vie - vie vivante -
comme si la lumière
avait de nouveau fait pousser tous les arbres et les fruits
nous encerclant de ruches de rivières et puis rien
rien que solaire plongerie du ciel
sur la Terre
qui roule sur le ventre aujourd’hui
t’enlève
commande
aux jambes aux pieds des arbres des courants des îles palmeraies
t’arrêter
devant ta porte
serait comme avancer toujours
d’un grand pas d’un grand pas dans l’espace
y mordre
comme au bout le soleil
grande tartine rouge
georges guillain
déplacement du poème dans l’espace à plus de 30 kms/sec.
Valérie Harkness
Sœurs, nous avons dérangé les guêpes, nous avons bouleversé le monde
En tout début d’après-midi, les maisons sont obscures avec leurs volets clos. Les rêves des plus grands sont lourds et pèsent sur leurs têtes.
La clarté du soleil dehors attire comme une flamme experte en pas de danse qui nous dore les pieds et tape sur nos nuques.
Il faut courir dans la terre brune, fendre l’air chaud de nos corps fins plus lestes encore que des insectes. (Sont paresseux, ceux-là, sont peureux.)
La course est folle ; nous nous lançons dans l’interdit ; nous sommes anges.
Allons plus loin glaner les plaisirs enfouis.
Tirons très fort la longue plante s’élançant au beau milieu du champ de terre
brune et sèche et qui se laisse tirer, déchirer, malmener, déraciner enfin,
s’abandonnant comme un trophée sans vie.
Le silence fut bref, le temps pour le soleil sournois de brûler notre peau
et la guerre s’ensuit.
Sœurs, nous avons dérangé un nid
De guêpes,
Un foyer tout vivant.
L’essaim nous prend en grippe, se soulève, sans relâche nous poursuit, nous menace, nous pique et nous harcèle.
Nous avons bouleversé la vie des bêtes.
Sabine Huynh
Une histoire sans amour
À la fin –
parce qu’être conséconscient,
c’est penser au dénouement –
du film, Rose
jette le pendentif dans le biome marin.
Jamais elle ne l’a aimé. Ni le bijou, ni l’homme
qui le lui a donné. Le joyau coupant
traverse la canopée de flamèches vertes,
érafle les butineurs d’anémones pâles,
se couvre de poussières de squelettes
de plus en plus froides,
sombre dans les abysses,
de plus en plus loin
des êtres vivants. L’empreinte
laissée dans la neige marine : un cœur bleu
nuit qui jamais n’a connu la lumière
solaire, mort de n’avoir connu l’amour,
mais dans l’eau il survivra peut-être
à tous les amants du monde, ce diamant
à l’éclat aveuglant tant convoité,
peu importe les mines qui polluent
et les éboulements qui tuent
et les mineurs qui meurent.
Rien n’est éternel. Ni l’amour, ni les solitaires,
et la Terre ne survivra pas à la mort du soleil.
Si Rose l’avait jeté au feu,
avec du graphite on aurait écrit
des milliards d’années plus tard
cette histoire sans amour
dans un rêve apocalyptique.
Anna Jouy
Ô ma planète ma terre vivante, immense bleue
Et puis ce mur et ses lamentations intimes. Comme des graines qui devraient soudain pousser au cœur de Dieu.
Et puis ce mur et ses urnes silencieuses. Des gens marchent, oblitèrent leur nom d'empreintes de révolte. On plante dans le goudron un pas après l'autre des chemins de liberté. Et ce bruit des âmes en semelles de clous, fracassée de chaînes et de licous.
Et puis ce mur et ses veines de lierre. Ma peau est un arpent de vrilles dans lequel s'agrippent des chats et des oiseaux et tous ces bruits petits de chasse et de peur où se glane la mort en habit décousu.
Ô ma planète, ma plante compagne, mon ortie de vivre dans ces migrations solaires, le sais-tu…
Tes élus dansent pieds nus sur leurs tapis voleurs
*
détour simple
est-ce un futur ou un passé
poser son pas comme on tombe des anges
et sa main à la rambarde de l'aube
poser son rêve
et le murmure
creuser avec des doigts de dentelle
un trou dans la terre vivante
et y glaner avec des graines sources
le temps
en fines empreintes d'une très vieille écorce
et la bogue secrète de l'eau qui fait la mer
un peu d’ozone pur contre la peau
un glacier fraîchement tondu dans la poche
fermer les yeux
l’urgence monte
toute à la démence grattée à la fenêtre
espérer qu’espérer…
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Claire Lajus
À sa place
il se trouve des moments où le froid
fait se poser les oiseaux
couchés sur les toits blancs ils attendent
le ciel murmure son bleu solaire
les regards se débroussent
questions réponses gouttent
avec le gel s’évaporent
du fond de toi monte tranquille une chaleur
tranquille monte du fond de toi
tu respires
tout résonne tout est à sa place
même les grelots cassés
sous ta poitrine
Cédric Le Penven
Solaire et vivant.
Ces deux mots, mis côte à côte, troublent.
Peut-être parce qu’ils sont le versant exactement opposé à la
noirceur et à la mort.
Peut-être parce que l’étoile qui réchauffe nos visages s’éteindra un jour, bien après que nos atomes se seront désagrégés, puis agrégés à nouveau, et désagrégés encore… Mais que, pour l’instant, elle perce l’horizon chaque matin et arrose de lumière la foule des végétaux qui la désirent et s’en délectent.
Ces deux mots, mis côte à côte, comme une formule à se répéter pour savourer plus encore nos privilèges. Aller vers les autres et le monde, visage offert, mains ouvertes, colère lucide contre ces écrans au regard bleu électrique qui nous aspirent, nous vident de nous-mêmes, et nous abandonnent, yeux rougis et humeur maussade, au bord du jour.
C’est une question de mots, autrement dit, une question d’être.
Soyons,
sur les crêtes des montagnes,
le long des plages océanes où l’infini nous traverse,
sur le sentier qui s’enfonce sous la voûte protectrice d’une forêt,
entre les troncs d’arbres qui sont des cathédrales végétales,
autour des tables qui nous réunissent,
solaires et vivants.
Isabelle Lévesque
Ça prospère
Disons que le possible passe la canopée
et que tout écart évite le pire : butiner,
batifoler (réduire la cendre à sa perte).
Inscrire, tablette de cire, au stylet,
qu’un poète rassemble
les mots ou les graines
et parsème les feuilles
de signes avant-coureurs. Redresse
les torts (essaie). Donne le change
et retrousse rectiligne
la donne inconséquente du présent.
Alors ça pousse, ça prospère
– croire multiplie l’espoir
en dansant autour du présent.
Oliver Liron
Le héros étrange de ce film nous parlait d’une solution pour survivre aux catastrophes nucléaires et à l’irrespirable du monde : rendre sensible dans les particules de l’air tout le spectre radioactif en colorimétrie. Toutes les émanations toxiques transformées en merveilleux et vivant arc-en-ciel – Jaune pour le strontium – Rouge pour le césium – Bleu pour le rubidium – Opale l’agonie.
Béatrice Machet
Di(ts)x mots pour un poème
de débrousser à détrousser
de butiner à buriner
de biome à biote
de canopée à canapé
de glaner à planer
de polaire à solaire
d’empreinte à en crainte
de palmeraie à calmes rets
de conséconscient à qu’on sait conscient …
… la tête tourne
drôle de vertige
au rythme échevelé de la planète
mais si langage reste vivant
le cœur battra
sa chamade par tous les temps
Amandine Marembert
Skier et écrire. Les lignes se ressemblent-elles ? Suivre les traces et inventer le pas du patineur. Pattes noires des lettres sur la page blanche et glacée. La prochaine neige effacera tout. Le stylo cricrite un peu. Il glisse et tombe de la main. La dameuse passera de nuit, tous phares allumés, proposer de nouveaux sillons à travers les bois. Les aiguilles des sapins seront les premières à écrire et à dessiner des empreintes. Nos foulées les recouvriront légèrement.
Simon Martin
SI J'AVAIS UN ROBOT
Si j'avais un robot
je lui donnerais un nom d'arbre
et le programmerais pour fleurir
au milieu de l'hiver.
Si j'avais un robot
je lui donnerais un nom d'oiseau
et le programmerais pour guérir
les cœurs fatigués.
Si j'avais un robot
je lui donnerais un nom d'orage
et le programmerais pour démolir
les débrousseurs de printemps.
Si j'avais un robot
je lui donnerais un nom de nuage
et le programmerais pour adoucir
la sécheresse du temps
Samuel Martin-Boche
J’ai voulu faire rentrer
toute la forêt
vivante
dans ma valise
assis sur la canopée
de tout mon poids
feuilles branches oiseaux
débordent
s’échappent par la serrure
à grandes enjambées
ne laisseront pas d’empreintes
Simone Molina
Conséconsciente pour la planète
la tête au-dessus des nuages
les pieds dans l'océan
j'ai suivi les vents célestes
me suis baignée
dans les rivières volantes
d'Amazonie
mes orteils ont butiné
la moiteur du sous-bois
j'ai plongé mon visage
au creux de la forêt profonde
les blomes de victoria géantes
et de camu-camu
glanaient des parfums solaires
la canopée souriait sous la pluie
les oiseaux répondaient aux singes
les lézards bleus au chant des grenouilles
*
- pour débrousser le temps-
j'ai suivi fleuves
et chemins creux
l'empreinte de mon pas
-comme celle de dinosaure-
était abreuvoir vivant
lorsque pleurait le ciel
un renard et un enfant
tentaient de s’apprivoiser
au loin la palmeraie scintillait au soleil
Ada Mondès
Donne-moi dix mots pour la planète
*
Petite d’homme il te reste les mots
avec eux tu débrousses ta sente buissonnière
sur la planète mâle et femelle où tout pousse d’amour
où tout butine la lumière
Tu glanes les couleurs salues les saisons
la vie vivante et les sourires
fracas et ruptures dans la course du monde
les oiseaux se bousculent
Aime jusqu’aux arbres et refuse de te rendre
donne à ta beauté la mesure du ciel
donne à ton pas la mesure de la mer
que ton empreinte multiplie le soleil
Petite d’homme il te reste les mots
et tu les donnes à la terre
*
parfois me taire pour ne pas aller contre mon cœur. pour ne pas mentir j’écoute la terre. pour ne pas effrayer les mots, butine l’invisible, à peine fredonne pour écrire vrai. poésie langue qui trébuche langage troué, traductions d’empreintes, tâtonnement au plus proche de la vie vivante. on ne sait pas on y va c’est tout et le poème trace cette hésitation-là. cette musique intermittente de silence et d’éclats. je ne veux pas être bavarde mais prêter oreilles pieds bouches mains à ce qui s’écrit dessous, la débâcle profonde qu’engendre tout ciel vide, toute étreinte révolue, carton mal étreint, cabane écroulée, mèche encore fumante, nuage à recoudre, vague infiniment enroulée, neige mutique, arbre coupé, tout ce qui dit le presque soleil, la vie fragile et morte et au bord et nous qui regardons et dans le silence de l’écriture pouvons renaître
Lydia Padellec
La Terre nous parlait
Nous l’écoutions
mais parfois ses mots devenaient sourds
la pluie crépitait avec violence
inondant nos villes nos maisons
la neige imposait silence
confinant humains et bêtes
le soleil brûlait les langues
assommant vieillards et nouveau-nés
On s’écartait du chemin
ne voulant croire
ni aux signes ni à la mort –
Il suffisait de planter un arbre
pour qu’un oiseau s’y pose
Étions-nous si naïfs ?
La terre nous parlait
depuis des siècles
laissant derrière elle
ses empreintes solaires –
Son cœur vibre encore vivant
sous la canopée protectrice
l’âme des arbres butine la lumière
et nous souffle son secret.
Orianne Papin
J'ai attrapé la question
quand j'étais toute petite
et, elle, déjà si grande
la question qui bouscule les matins
qui, parfois, empêche de dormir
parce qu'il nous pousse à la tête
des milliers de réponses
je veux, qu'est-ce que je veux, je veux planter, pâtisser, écrire
je veux faire rire, je veux soutenir
je veux connaître, je veux ouvrir
apprendre, douter, lutter
je veux réparer et construire
je veux fêter, je veux changer
et abîmer le moins possible
je veux chercher, raconter, accueillir
je veux prendre soin, je veux fleurir
je veux aimer
je veux tout tendre
puisque chaque vivant dépose des traces de doigts
sur l'immense vitre du monde
la question, elle est en moi chaque jour :
quelle empreinte ai-je envie de laisser
ici ?
Théo Perrache
Je te laisse
Je n'emporte rien
Je te laisse mon médaillon pour qu'il te porte chance en rouillant
Je te laisse mon empreinte sur les herbes moelleuses
Je te laisse le trèfle
Je te laisse l'étoile et le vœu
Je te laisse filer
Je te laisse pleuvoir
Je n'emporte rien
Je te laisse les couleurs
Je te laisse le bleu du paon sur tes baskets
Je te laisse le col vert du canard sur tes agates et tes bigarreaux
Sur ta casquette, je te laisse le jaune
Le même jaune qui suit le trajet du soleil
Sous sa lumière, je te laisse bronzer
Sous le hurlement de la lune, je te laisse pâlir
Sous les caresses des points cardinaux, je te laisse rougir
Je n'emporte rien
Sauf le feu
Je le garde
Je garde les silex et les allumettes
Je te laisse déchiffrer ailleurs les rébus des catastrophes
Mais à part le feu, je n'emporte rien
Je te laisse les butins des mortels
Je te laisse le temps
Je te laisse les fleurs
Je te laisse butiner l'immortelle
Je n'emporte rien
Je te laisse
Grégory Rateau
En travaillant la terre
Le vieux est là
Muet comme une souche
Il attend que le nuage passe
Ses outils sont comme des promesses
Un supplément de force
Malgré les années
Chaque muscle est à sa place
Pour faucher
Bêcher
Ratisser
Je regarde ma main
Pas un pli
La finesse des doigts ne trompe pas
Elle n’a servi à rien
Le vieux ne le dit pas
Trop brave
Sa poigne montre l’exemple
Mes pas deviennent les siens
Je suis vite à la traîne
Le voilà qui porte deux fois plus que moi
J’ai vu la ville de près ses fulgurances
Ses éclats mystiques
Ses passions au rabais
Rastignac du pauvre
J’ai croisé le fer avec elle
Ne blessant que moi-même
Le vieux n’a rien vu lui
Aucune lutte
Une simple ligne d’horizon
Des remparts de forêts sous un ciel vide
Il ne goûtera jamais à l’ennui qui élève
Aux délices de la foule
Son champ pour seule ivresse
Et pourtant lui en a palpé de la terre
Sué pour la rendre fertile
Son nom restera son empreinte
Que laisserai-je dans le bitume ?
Des projets froissés
Des rêves léthargiques…
Au loin je vois des tours
Les murs se rapprochent
Que restera-t-il du vieux
Quand même les arbres alentour seront maigres comme mes dix doigts
Clara Regy
Lettre d'amour
nous volerons ensemble
dans la canopée solaire
nos corps vivants butineront les empreintes
d'animaux endormis
de fleurs débroussées chancelantes.
Nous glanerons des jours et des nuits
pour caresser la terre
la cajoler comme un enfant meurtri.
Jean-Christophe Ribeyre
La page des vivants
J’ouvre la page des baisers,
j’ouvre la page des murmures,
la page des vivants
que j’écris avec toi,
je ne voudrais qu’écrire cette page,
ne plus trahir,
ne plus mentir,
ma voix irait à la forêt
qu’on arrache
et qu’on brûle,
aux jungles pillées,
à leurs habitants effacés,
abattus de sang-froid.
Pour vivre en amitié avec le monde,
je rêverais
d’une fraternité nouvelle
avec tout le vivant,
de canopées,
d’une joie fragile
tissée d’oiseaux
qui serait un peu la nôtre.
Ce serait cela,
ne plus trahir,
ne plus répandre d’ombre.
Je voudrais chaque jour
relire la page des baisers,
la page des murmures,
la page des vivants
qu’on déchire sous nos yeux.
Richard Rognet
Le sentier emprunté ce matin,
de bonne heure, j'ai compris,
qu'entre terre et ciel,
il avait le dernier mot,
pour moi, le premier - le mot
de mon passage dans la vie,
le sentier me voit marcher,
reconnaît mes pas, mes empreintes,
il a la folie douce de ceux
qui m'aiment, me conjurent d'entrer
en eux par la porte des songes,
il répand des clartés, des silences,
qui m'empêchent de trébucher,
de faire barrage à la céleste voix
qui gonfle en moi, cette voix clémente
où étincelle ce que je n'ai pas
encore dit et qui, un beau jour,
se dépliera comme les pétales
d'une fleur inconnue, mais là,
depuis toujours, là, certaine
de sa cachette, dans le giron solaire
d'autres fleurs sur lesquelles
mes paupières froissées se sont déjà
baissées. Le sentier de ce matin,
sûr qu'il m'éclairera longtemps,
parmi les embûches et les talus
hostiles de mon existence.
James Sacré
Pour la planète
Dans son malheur et ses merveilles !
Et pour que ça continue
Lui redonner sans rien marchander
Tous ces mots en nous comme une empreinte
De ses désastres et de sa beauté.
Butiner, canopée, débrousser,
Les mots comme une empreinte
De tout ce qu’on a pris, lui redonner les plus familiers,
Glaner, palmeraie, solaire
D’autres plus compliqués, biome, concéconscient,
Tous ces mots qui perdent sens, bientôt vides, détruits
Les retrouver remis dans la matière du monde,
Les redonner vivants. Pour la planète.
Florence Saint-Roch
c’est ton grand problème
où que tu ailles
(rien vraiment ne t’arrête)
il faut qu’on s’en souvienne
pas à pas on te suit
du sommet des montagnes
aux profondeurs du désert
même où tu ne vas guère
prodige tout-puissant
on piste ta trace
mers insondables
ou banquises lointaines
portent ton empreinte
malgré elles
tu dis vouloir mettre à fruits
quand plutôt tu mets à sac
et lorsque tout se rétracte
terres en brûlis canopées au saccage
à qui faire croire encore
(fieffé magicien)
que résolument
tu as la main verte
Pauline Sauveur
en visite au jardin
il butine mes couleurs
bleu rose rouge foncé
il préfère les fleurs
lilas mauve fuchsia
gourmand il s'affaire
violet prune parme
papillon-colibri délicat et pressé
merci d'être passé !
*
ton empreinte au bord de l'étang
et l'eau affleure à chacun de tes pas
comme le battement d'un cœur
plus grand
sur le dos du monde
vivant
Jean-Marc Sourdillon
Débrousser chemin
Leur bec, son bout de phosphore, leurs petites pattes sèches, leurs ailes maigres : une simple boîte d’allumettes que leur voix enflamme.
Ils sont si légers qu’une miette à leur bec les déséquilibre. Ils sont si fragiles qu’on ne peut que les aimer, faire de notre regard leur asile.
Leurs voix passent à travers eux comme leur vol, voix du désir aigu que rien ne réfrène, voix de la multiplicité, de l’ébriété, dans le froid, la vapeur, le soleil.
C’est tout l’être qui jubile au travers du ténu, du gracile. Autant d’étincelles allumées dans la matière obscure. Autant d’oiseaux très tôt dans le matin froid en avril.
Imagine, imagine, ne serait-ce qu’un instant, ce que serait le monde sans eux : disparue la musique qui soutenait la vie, perdus le sens de l’orientation, le désir de vivre, et l’accord qui nous tenait tous ensemble sur le fil.
Voilà pourquoi, avant qu’il ne soit trop tard, il nous faut retrouver ce fil. Non pas regarder en arrière, ni poursuivre en aveugles la marche plus loin, mais faire un saut de côté, considérer ce que l’on a,
et débrousser chemin, vite, débrousser chemin, inventer une autre suite pour qu’on puisse entendre encore leur voix dans nos prochains avrils.
Maud Thiria
Glaneuse du silence
Solaire et vivante
où vivras-tu
glaneuse
à débrousser débroussailler
ce qu’il reste de vide et
de cendre dans l’après-monde
où vivras-tu
glaneuse
à chanter encore sous
ce qui fut canopée palmeraie
et n’est qu’est plus qu’empreinte de
ce qui fut a fui n’est plus
s’est éteint par nos mains
sales et toi vivante et solaire
où vivras-tu
glaneuse
butineuse de silence ?
Milène Tournier
Vivante
J’ai rêvé cette nuit j’étais un brin d’herbe
Je poussais dans les endroits pas exprès,
où tombe quand même la lumière,
un soleil irrégulier.
Dans les ronds d’arbres des villes.
Le long des bordures de trottoirs.
J’étais un brin d’herbe et de siècle.
J’étais un brin d’herbe,
parfois je quittais ma place,
j’allais parler à d’autres brins d’herbes,
pour voir,
et pour savoir.
J’étais un brin d’herbe, même pas du faux gazon
et non plus de la paille utile.
J’étais un brin d’herbe.
L’à côté de la fleur et de la poésie.
Un brin d’herbe, une esquisse
d’esquisse, pas le vase ni le planté.
Un brin d’herbe, un coup de crayon.
J’étais brin d’herbe et je savais :
j’étais les yeux du vent.
https://www.youtube.com/watch?v=h2JxBcBV4_Q
Lien vers les 40 poèmes vidéo de confinement.
Laurence Vielle
Ouvre la main juste cela
Lâche oui lâche
Debout assis couché
Respire juste cela
Butine la joie
D’être vivant
En corps solaire
A débrousse-poil
Parle animal
Une seule nuit t’éteindra
Les autres nuits sont celles
Que tu troues de tes ailes
Lumineuses et rebelles
Mary-Laure Zoss
Couleurs d’hiver
par froidure s’en viennent,
fatiguant leurs galoches,
à travers joncs et roseaux, boisement de trognes,
enfants poussés hors dès le petit jour
dans l’hiver aux bras noirs ;
à larges traits le pinceau assourdit
la glace des étangs,
creuse un lointain d’ocre pâle ;
quelle empreinte
alors déposée en nous
d’une saison de gel et de brume
sur un panneau de bois
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